ÉDITORIAL Une fois n'est pas coutume : notre éditorial, ce mois-ci, sera plus politique que littéraire. En premier lieu puisque nous titrons sur le contenu du livre de Pierre-Denis Boudriot "L'ennemi intérieur" de la IIIe République (1938-1940). En second lieu, en raison des événements sanglants qui ont frappé la France, du 7 au 9 janvier dernier. Il n'est pas dans notre intention de commenter longuement ces faits extrêmement graves : les media s'en sont chargés à satiété et nous n'en avons pas ici la place. Nous désirons simplement effectuer un rapprochement entre la réflexion entendue dans la bouche du Premier ministre Manuel Valls qui a utilisé ces termes d' "ennemis intérieurs" et ce que nous avons lu à propos de l'islam dans les Oeuvres du cardinal Pie (à qui notre prochain numéro de février sera entièrement consacré pour honorer le bicentenaire de sa naissance en 1815). Le 8 novembre 1859, Mgr Pie a prononcé à Nantes (1), un long discours dans lequel nous avons relevé : "C'est la France, c'est la métropole du christianisme, c'est le monde entier qui aura tout à redouter de ces nouveaux et implacables barbares". Pour étayer ces propos, Mgr Pie a rappelé ceux tenus par Bossuet, deux siècles auparavant (2) : "L'islamisme, "religion monstrueuse" qui se dément elle-même, qui a pour toute raison son ignorance, pour toute persuasion sa violence et sa tyrannie, pour tout miracle ses armes". En 1938-1940, l' "ennemi intérieur" était connu, repéré, cerné et interpellé pour être mis en prison. "L'ennemi intérieur" de 2015 est autrement plus dangereux : il se dissimule, il se terre, il se cache, il se répand à travers la France. Cet "ennemi intérieur" ce sont ces "implacables barbares" qui épanchent leur "violence et leur tyrannie par les armes". Il serait bon que M. Valls lise le cardinal Pie... Jérôme SEGUIN (pour la rédaction de Lecture et Tradition) 1 - En voici l'intitulé exact : "Discours pour la solennité de la réception des reliques de saint Emilien, évêque de Nantes". Saint Emilien est très peu connu : il vivait au VIIIe siècle et fut évêque de Nantes. Dans l'ardeur de sa foi, il avait levé une armée contre les Sarrasins. Il était mort lors de ces combats dans la région d'Autun et ses reliques furent recueillies pour être ramenées dans le diocèse qu'il avait occupé en son temps (le texte du discours se trouve dans le tome 3, pages 497 et suiv. des Oeuvres de Mgr l'évêque de Poitiers, Librairie Oudin, 1879). 2 - Dans un pagényrique de saint Pierre Nolasque (1189-1256), qui fut le fondateur, en 1218, de l'Ordre de Notre-Dame de la Merci pour le rachat des captifs chrétiens. Il fut canonisé en 1628 par le pape Urbain VIII. C'est pour honorer Pierre Nolasque que Bossuet avait prononcé ce panégyrique en 1673.