Éditorial « Nous ne sommes pas prêts de sortir du bourbier conciliaire ». Par cette phrase, Jean-Baptiste Geffroy conclue la recension qu'il vient d'effectuer du livre de Roberto di Mattei, Vatican II. Une histoire à écrire. Bien entendu, de prime abord, elle peut paraître abrupte et sera certainement l'objet de quelques désaccords ou de virulentes désapprobations. Cependant, le constat, pour très sévère qu'il puisse être, est sans appel. Malgré les sympathies et les marques d'estime que nombre de nos amis accordent aux derniers papes qui ont occupé le trône de saint Pierre, il suffit de relever quelques extraits de l'article de notre rédacteur, pour observer une certaine réserve : « L'aile marchante du progressisme est à la barre : Congar, Daniélou, de Lubac, Häring, Küng, Rahner, Semmelroth, Schillebeekx, Ratzinger, Chenu entrent en guerre contre la "théologie Dentziger'' ». Un peu plus loin, nous lisons : « En 1967, autre promotion - ô combien stratégique et significative - celle de Mgr Wojtyla qui reçoit le cardinalat et devient membre de quatre congrégations (Clergé, Education, Culte divin et Eglises orientales) ; il est, de plus, nommé consulteur et membre du Conseil des laïcs ». Lorsque nous méditons sur les canonisations récentes de Jean XXIII et de Jean-Paul II, puis la béatification annoncée prochainement de Paul VI, nous sommes en droit d'être aussi dubitatifs que stupéfaits, car, s'il en était besoin, il est nécessaire de souligner ce que rappelle J.-B. Geffroy : « Les propos récents du pape François sur Vatican II semblent traduire une conception pour le moins "rétrogressive'' du Concile, considéré comme "une relecture de l'Evangile en ... l'actualisant'', selon une manière que le pape considère comme "irréversible''. De tels propos, qui sentent une vulgate conciliaire très "seventies'', n'ont rien de rassurant ». Or, la confirmation de cette inquiétude est exposée et développée dans l'étude que fait Alexandre Marie de L'étrange pontificat du pape François. Car, on ne peut nierqu'il existe, aujourd'hui « une nouvelle Eglise conciliaire en construction depuis cinquante ans, avec sa doctrine, sa liturgie, son droit canon, qui s'est installée comme un chancre dans l'Eglise catholique. On peut craindre, aussi, que le pouvoir des "medias'' aux mains de l'ennemi et l'habileté diplomatique du nouveau pape ne parviennent à tromper, s'il était possible, une partie des traditionalistes » (extrait de la préface). Et nous ne pouvons mieux dire que de réfléchir sur ces mots d'Alexandre Marie : « L'heure est grave. La confusion règne. Le mal est profond. Se taire, c'est devenir complice. L'enjeu est de taille : il s'agit tout simplement de garder la Foi. Et de continuer à la professer publiquement. A l'intérieur de l'Eglise comme au dehors. A témoigner de la Vérité face à nos contemporains en proie aux erreurs et aux mensonges devenus système ». Jérôme SEGUIN (pour la rédaction de Lecture et Tradition)