ÉDITORIAL : Il est difficile, dans les quelques lignes d'un éditorial, d'évoquer la mémoire de Jean de Viguerie sans risquer de tomber dans les redites, tant il a reçu, depuis sa mort (au mois de décembre dernier) de manifestations et marques d'hommage émanant de nos éminents confrères de la presse de notre famille de pensée. De plus, dans ce numéro qui lui est quasiment intégralement consacré, notre ami Jean-Baptiste Geffroy a tout dit, ou presque. Que pourrions-nous ajouter de plus ? Nous nous bornerons donc à évoquer les circonstances pour lesquelles ou dans lesquelles, nous estimons avoir pu tisser avec lui des liens privilégiés et réciproquement exprimés. Nous trouvons tout d'abord les circonstances de la parution de son premier livre. C'était en 1976, Jean de Viguerie venait de soutenir sa thèse de doctorat ès lettres (Une œuvre d'éducation sous l'Ancien régime. Les pères de la Doctrine chrétienne en France et en Italie, 1592-1792), obtenue, à la Sorbonne avec « mention très honorable » (la plus haute qui existe). Or, il ne se trouva aucun éditeur de renom ou de réputation, dans les disciplines historiques ou universitaires, qui accepta de la publier. Elle le fut par un tout jeune éditeur « marginal » et totalement inconnu, en réalité un garçon « très bien-pensant sous tous rapports » qui souhaitait tout simplement permettre à quelques écrivains peu en cour dans la république des Lettres de l'époque d'avoir la satisfaction de voir paraître le fruit de leur travail. Cette toute jeune maison portait le nom des « Éditions de la Nouvelle Aurore » qui, peu après, pour des raisons très louables et très honorables, cessa son activité et accepta de transmettre et confier son fonds à notre Diffusion de la Pensée française. C'est ainsi que nous pouvons nous targuer d'avoir été le premier diffuseur de celui qui allait devenir l'un des tout premiers historiens français de sa génération. Rappelons rapidement d'autres souvenirs. Lorsqu'il était professeur à Angers (en 1976), Jean de Viguerie avait très aimablement accepté de venir effectuer quelques cours d'initiation historique au petit cercle poitevin d'étudiants catholiques et contre-révolutionnaires (dont certains allaient devenir par la suite des « piliers » de Chiré). Il se déplaça pour cela à plusieurs reprises, nous permettant de bien le connaître et d'apprécier tant sa simplicité que son extrême correction, deux traits de sa personnalité qui sont la marque des hommes d'exception auprès desquels les innombrables foutriquets contemporains qui se croient « importants » auraient bien des leçons d'humilité, de bonne éducation et de savoir-vivre à recevoir Jérôme SEGUIN PS. L'exiguïté de notre publication (32 pages) ne nous a pas permis de publier un autre texte qui lui a été consacré. Que son rédacteur veuille bien ne pas nous en tenir rigueur. Il paraîtra dans notre numéro suivant.