Fils d'un maître de poste du Quercy, Joachim Murat né en 1767 fit, grâce aux protecteurs de son père, de solides études classiques. Séminariste par obligation, mais bientôt soldat par vocation, ce cavalier par instinct devint un pur produit de la Révolution. Bénéficiant de puissants appuis, il eut alors un étonnant début de carrière sans aller au feu une seule fois. Devenu par hasard un adjoint de Bonaparte, Murat se révéla très vite un entraîneur d'hommes intrépide et, en même temps, un génial tacticien de la cavalerie dans toutes ses utilisations. Grâce à lui, Napoléon concrétisa ses plus étincelants succès : les victoires d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau n'auraient sans doute pas eu lieu sans son exceptionnel concours. Pourtant, et bien que Murat ait épousé la sœur du futur empereur, Caroline Bonaparte, les relations entre les deux hommes ne furent à aucun moment confiantes et détendues. Ils avaient besoin l'un de l'autre mais ne s'aimèrent jamais. Poursuivant son ascension (maréchal en 1804, grand-duc de Berg puis roi de Naples en 1808), frustré dans ses légitimes ambitions, continuellement bridé par Napoléon, Murat, esthète et soldat prodigieux, fut aussi, avec l'aide de son ami Agar, un excellent administrateur. Après avoir largement contribué à la gloire militaire de l'Empire, il estima que son devoir était désormais de se consacrer à la sauvegarde de son propre royaume. Homme complexe, il eut des divergences avec la politique de Napoléon sur son déclin, d'où sa position critiquée par beaucoup, mais largement incomprise, qui marqua les dernières années de son règne. Sa fin grandiose et tragique est à l'image parfaite de sa personnalité flamboyante.