LES CHRONIQUES D'ALFRED EIBEL
5/5 https://memoirememoires.wordpress.com/
.----. Écrivain inclassable, Michel Perrin (1918 – 1994), un penchant à voir et à savoir, pasticheur et journaliste à Télé 7 jours, plume agile qui lui a permis de connaître des succès notamment au théâtre avec Darry Cowl dans Docteur Glass. Ami de Max Jacob et d’Arletty, le bonheur était son couvre-chef. Remi Perrin retrace la vie de son père avec minutie et bienséance, couvrant ainsi une époque aux instants privilégiés où quelques célébrités ont émergé, aujourd’hui disparues à jamais des mémoires, il faut le souligner. Michel Perrin avait la rage de vivre, titre du fameux bouquin de Mezz Mezzrow. Je me souviens encore de nos nombreux déjeuners durant lesquels nous évoquions notre passion commune du jazz, de musiciens que nous avions rencontrés comme Louis Armstrong, Duke Ellington, Earl Hines, Lionel Hampton, Willy « The lion » Smith, ou écoutés comme Jerry Roll Morton, Fats Waller, Kenny Clark ou Benny Carter. À ce sujet, Remi Perrin écrit : « L’amour du jazz a joué un rôle disproportionné dans la vie de mon père ». En lisant ce livre, on met un pied dans une autre époque. On fait de la décalcomanie, procédé par lequel on décalque des images peintes sur du papier. Remi Perrin décalque avec justesse des images furtives de la vie de son père qui emballent une époque. [ Alfred Eibel le 28 janvier 2020 ]
Auteur dramatique, journaliste ....
5/5 Famille Chrétienne
.----. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Pourtant, Michel Perrin fut dans les années cinquante et soixante un auteur dramatique connu, un pasticheur surdoué, un journaliste cultivé, un amateur de jazz fervent, un catholique born again, comme on ne disait pas alors. Son fils Rémi le fait revivre avec beaucoup de talent et d’humour dans un récit savoureux. Nous voilà plongés dans une époque présoixante-huitarde où la télévision diffusait « Au théâtre ce soir », où les journalistes avaient du temps pour écrire leur papier (on les envie un peu !), où les revues de jazz s’étripaient autour du be-bop pour savoir si c’était ou non du « vrai » jazz… Rémi Perrin nous a mis l’eau à la bouche. On attend son deuxième livre avec impatience. [ Charles-Henri d’Andigné dans " Famille Chrétienne ", n°2191 - 11 au 17 janvier 2020 ]
1950/1970 Une époque où être de droite ...
5/5 POLITIQUE MAGAZINE
.----. Michel Perrin est né en 1918 et mort en 1994. Jeune homme nonchalant, doué, ferme dans ses goûts, il a côtoyé le succès sans s’y installer, l’époque sans s’y dissoudre et la réaction sans s’y consacrer. Son fils lui consacre aujourd’hui une biographie qui est plus une évocation des années 50 à 70, avec un mélange charmant de pudeur, de regret et d’admiration, tous sentiments tempérés par le jugement, ajustés par la distance, adoucis par le temps, mais qu’on sent frémissants sous le récit d’une époque où être de droite signifiait fréquenter facilement Vialatte et Laurent, Roland Cailleux et Jean Nouyrigat ; signifiait surtout disserter sur tous les sujets, dont le jazz, aimer la littérature et en parler sans cesse dans Télé 7 jours au fil de longs articles, retrouver discrètement la foi et franchir chaque année embarqué dans la nef des amis sûrs. On suit cette carrière fragile avec intérêt, avec amusement, avec émotion : ce n’est pas si souvent que quelqu’un s’efforce de retracer un destin sans le noircir ni l’exalter mais au contraire en le posant avec délicatesse à sa juste place, petit maitre aimable qu’on a envie de redécouvrir (moins sa biographie d’Arletty, qu’il a réhabilitée, que ses pastiches, sans doute). Le fils restitue, par son écriture simple, précise, et ses sentiments à peine esquissés, tout ce qu’il a reçu du père, et cette partie de l’héritage est assurément plus forte que l’hommage de la renommée. [ Richard de Seze dans POLITIQUE MAGAZINE, n 189, mars 2020 ]
L'amitié et la littérature .
5/5 Présent .
.----. A travers le destin de son père, Michel Perrin, c'est le portrait de toute une époque, notamment littéraire, qu'esquisse son fils dans un livre émouvant .
Entretien avec Remi Perrin, l'amitié et la littérature . Le ton de votre livre reste très personnel, pour quelle raison avez-vous envisagé sa publication ?
"Un écrivain, après sa mort, a sur terre une seconde vie", comme l'écrivait Jacques Laurent . Je ne voulais pas qu'on oublie mon père . Et j'en ai eu assez de voir tous ces écrivains dont le nouveau sport à la mode était de démolir la figure paternelle, sous prétexte qu'il avait été mauvais père ou vrai collabo (Jardin, Jamet, Fernandez...) : je voulais que mon livre soit un exercice d'admiration . Je ressentais la nécessité intime de transmettre à mes enfants l'exemple de ce père hors du commun que j'ai eu la chance d'avoir ; la palette des artistes qu'il a fréquentés - Jacques Laurent, Roland Cailleux, Alexandre Vialatte, d'un côté, mais aussi Arletti, Henri Jeanson, Francis Picabia - en faisait un témoin singulier de la vie intellectuelle, très française, du siècle passé . Au-delà de l'hommage filial, Michel Perrin appartient au patrimoine littéraire de tous les Français . Cette biographie est donc le témoignage d'une époque où la littérature prenait une place honorable .
Pierre Reverdy, Blaise Cendrars, Arletty entre autres... Tous ces noms d'amis de votre père, que représentaient-ils pour vous enfants ?
Pierre Reverdy, Blaise Cendrars sont morts avant ma naissance . Ils ont été comme des ombres tutélaires . Mon père citait souvent Reverdy ainsi que Max Jacob : il avait été à leur rencontre alors qu'il n'avait que vingt ans. J'ai connu la génération d'après : Roland Cailleux et Jean-François Chiappe, par exemple, ont marqué mon enfance par leur immense culture, leur liberté d'esprit, leur élégance intellectuelle ...
[ Début d'un entretien recueilli par Anne Le Pape pour Présent , numéro 9534 du Samedi 18 janvier 2020 ]