Michel de Saint Pierre est sans doute parmi les grands écrivains contemporains l'un de ceux qui suscitent le plus d'enthousiasme et d'opposition. Et cela parce que son oeuvre est un témoignage engagé sur l'époque que nous vivons, sur les problèmes qui la divisent, les conflits qui la blessent.
Aristocrate de naissance, Michel de Saint Pierre s'engage à dix-neuf ans aux Chantiers navals de Saint-Nazaire et partage la dure vie des ouvriers. En 1936, il assiste, déchiré, aux grèves dont il approuve les intentions et condamne les moyens. Pendant de longues années, il est tour à tour combattant dans la Marine et dans la Résistance puis petit employé dans une banque où son patron est M. Pompidou tandis qu'il est, lui, représentant du personnel. Alors, Michel de Saint Pierre se met à écrire. "Ce Monde ancien" et "La Mer à boire". Puis "Les Aristocrates" le consacrent parmi les meilleurs auteurs de son temps. Mais, à l'occasion d'enquêtes sur la jeunesse "La Nouvelle race", "L'Ecole de la violence", il s'aperçoit des dangers qui menacent l'Eglise catholique et publie son roman "Les Nouveaux Prêtres" qui déchaîne contre l'auteur une partie de la presse catholique progressiste et fait affluer vers lui les témoignages chaleureux et innombrables de fidèles et de prêtres. Alors c'est une longue période de luttes politiques et religieuses qui commence, marquée par "Sainte Colère", "Ces prêtres qui souffrent", "J'étais à Fatima".
Jean Paulhac, personnage tout aussi paradoxal, se situe presque à l'autre bord politique. Professeur d'éducation physique et maître ès lettres, chargé de cours de psychologie en faculté , engagé dans la lutte syndicale, auteur de romans policiers et de romans témoignages, c'est l'amitié pour l'homme et l'admiration pour l'oeuvre qui l'ont conduit "à endosser le maillot noir de l'arbitre". "Mais, dit-il, si Michel de Saint Pierre n'était pas mon ami je n'aurais pas tenté d'éclairer l'oeuvre par la connaissance que j'ai de l'homme. En un mot, je n'aurais pas écrit ce livre."