Homme de Dieu, homme d'action, homme de prière, homme de terrain, fidèle à la messe de son ordination et à la doctrine catholique dans son intégralité, Mgr François Ducaud-Bourget était de plus un homme d'esprit. Sur sa personne d'aspect fragile, il réunissait trop de qualités pour ne pas multiplier les envieux et éveiller les hostilités. Il pourfendait inlassablement la sottise, sans pour autant s'en prendre aux personnes qui en étaient les vecteurs innocents, mais la bêtise, il est vrai, prouve la bonté de Dieu puisque seuls les imbéciles se sentent à l'aise dans leurs étroites limites.
Sans crainte et sans témérité, mais avec courage, il combattait l'imposture. Fin diplomate, il démontait les faiseurs de chantage. Intrépide, Mgr Ducaud-Bourget aimait aussi le paradoxe. N'a-t-il pas intitulé l'une ou l'autre de ses plaquettes qui se perdent dans son œuvre poétique et dramatique « Le Hérisson spirituel ou de la nocivité des vertus dites chrétiennes », il invitait alors les « grosses têtes, les gradués d'Académie, les intégristes amers et les « téléphones du Saint-Esprit » à ne pas le lire.
Ce n'est pas le moindre mérite de Me Yvonne Desmurs Moscet, avocat du barreau de Paris, que de nous faire découvrir le « Squatter de Dieu », avant la prise de Saint-Nicolas du Chardonnet, le « Ducaud » diplômé de l'Ecole supérieure de Commerce de Bordeaux. Grâce à elle, nous le suivons dans les différentes étapes de son ministère, vicaire à Paris, prêtre en Haïti, mais le « frère l'âne » de François fait des caprices. Le prêtre jeune encore doit rentrer pour raison de santé. Et voilà celui que tout le monde appellera « Monseigneur » même après avoir été « dégradé » pour fidélité à son sacerdoce par l'Ordre de Malte dont il était le chapelain, qui poursuit, selon le mot d'un écrivain, « sa longue marche à contre-courant ».
Redoutable et redouté, il avait aussi l'art de toucher les âmes par sa prédication, riche, nuancée, spirituelle. Il savait les « démaquiller et les débarbouiller de toutes les fausses vertus ». Il avait la bonté décapatante et l'entêtement éclairé par le discernement.