L’ancien Versailles chérifien .
5/5 La Nouvelle Revue d’Histoire
.----. Meknès en 1950. La cité impériale au milieu du XXe siècle
Voilà un livre palpitant de vie, écrit et préfacé par d'authentiques Meknassis, chrétiens
ou israélites, sur l’ancien Versailles chérifien et ses formidables murailles, écuries, palais
et bassins, qui devint, sous le protectorat français (1912-1956) le bastion du colonat
européen (les Marocains, grâce à une décolonisation « douce » ont su, contrairement
aux Algériens, conserver ce joyau agricole) et aussi la seconde base militaire française du
monde, après Metz.
Certes, il y eut les massacres de civils français, en 1956, juste après
l'indépendance mais ils furent surtout le fait de fellagas algériens infiltrés. Le Lyautey de
Meknès fut le général pyrénéen Poeymirau. Outre des pionniers de l'agriculture
moderne, Meknès et sa région donnèrent le vétérinaire et artiste Matteo Brondy,
l'homme d'État Michel Jobert et la grande plume Marc Fumaroli.
Une belle aventure française outre-mer. [ Signé : Péroncel-Hugoz dans " La Nouvelle Revue d’Histoire ", n° 75, novembre-décembre 2014 ]
Souvenirs du Maroc heureux
5/5 Présent .
.----. Meknès est l’une des quatre cités impériales du Maroc avec Rabat, Marrakech (à qui le
Maroc doit son nom) et Fès. Meknès doit son nom, pour sa part, à la tribu berbère des
Meknassa (des Zénètes venus de l’Est). Léon l’Africain l’appelle Mec-nase. Les Espagnols
Mequinez. Et Pierre Loti, dans son admirable Au Maroc (réédité en 2000 par Péroncel-
Hugoz), Mékinez.
Préfacé par Marc Fumaroli de l’Académie française, lui-même natif de Meknès,
l’ouvrage est l’oeuvre d’une « bande » de copains (une vingtaine), anciens pour la plupart
du lycée Poeymirau. Au terme de carrières diverses mais toujours brillantes, ils se sont
ligués pour rassembler leurs souvenirs d’enfance et d’adolescence, les confrontant et les
soumettant à d’autres sources.
Dans un Maroc alors en proie à des mouvements de dissidence, Meknès prit son essor
avec Moulay Ismiil, contemporain de Louis XIV Quelque peu « endormie » par la suite,
la ville va prendre un coup de jeune avec le Protectorat français et la pacification, au
bénéfice du maghzen de l’époque, de l’Est du pays.
Les auteurs nous disent : « Nous nous sommes efforcés de brosser un tableau qui, sans
exclure des anecdotes significatives, instructives ou pittoresques, soit à la fois précis et,
naturellement, exact. Lorsque les mémoires se sont montrées défaillantes ou
contradictoires, nous nous sommes reportés à des sources supposées fiables, mais
quelques points de vue divergents ont été gardés. »
C’est donc un livre où l’histoire est au détour de chaque page. Mais aussi un témoignage
de piété filiale. Avec des hommages, souvent émouvants, à tous ceux – et notamment des
professeurs – qui ont contribué à faire de ces hommes et de ces femmes, de ces
Meknassi, ce qu’ils sont devenus.
Dès le XVIIIe siècle, Meknès reçoit des visiteurs de marque : entre 1704 et 1712,
Dominique Busnot, de l’ordre des Mathurins, venu négocier (en vain, d’ailleurs) la
libération d’esclaves français ; l’historien John Winders, chargé de mission par George let
(les Anglais eurent très tôt des vues sur le Maroc pour nous contrecarrer) ; plus tard, des
ambassadeurs de Louis-Philippe ; Delacroix ; Pierre Loti, nous l’avons dit ; etc.
Dès les débuts du Protectorat Lyautey, qui est le créateur du Maroc moderne,
demandera à l’architecte urbaniste Henri Prost (1884-1959) « d’imaginer » une ville
nouvelle à côté de la ville ancienne. On y verra venir, là encore, des hôtes prestigieux :
l’Américaine Edith Warthon, la romancière Henriette Célarié, Eleanor Roosevelt, etc.
Les lecteurs de la BD « Tanguy et Laverdure » de Charlier et Goscinny, se souviennent
que le premier album de la série (et quelques autres ensuite), L'École des Aigles, a pour
cadre – « Contrôle Meknès à Tango Coca » – la base aérienne française où furent formés
nombre de nos pilotes : la BE 708 de Meknès abritait alors l'Ecole de chasse Christian-
Martell.
Meknès ? Un pôle d'excellence. Et un grand témoin de l'amitié franco-marocaine. [ Signé : Alain Sanders dans " Présent ", n° 8758 du samedi 17 décembre 2016 ]