Guy Le Rumeur, ancien méhariste au Sahara, a commencé sa carrière à une époque où les régions désertiques au nord du Tchad étaient à peine explorées. Tous ceux qui ont connu le Tchad de Goukouni Oueddei et d'Hissène Habré, et ceux qui ont vu Idriss Deby entrer en scène, seront surpris de voir ce qu'était ce territoire il y a soixante-cinq ans, et ce qu'étaient certaines femmes goranes descendantes de celles qui voulaient épouser l'explorateur allemand Nachtigal, au siècle dernier.
L'existence y était simple et dure, les privations constantes, le médecin à cinq cents kilomètres, c'est-à-dire plus de dix jours à dos de chameau. Quant au courrier venant de France, les "nouvelles" qu'il apportait dataient de 2 ou 3 mois. Le peuple des Toubous, hommes du désert aussi résistants qu'aventureux, fiers et parfois rebelles, est un des principaux acteurs de ce livre de souvenirs qui constitue un précieux témoignage sur la vie dans les postes des Troupes coloniales aux lendemains de la Première Guerre mondiale.
Guy Le Rumeur a vécu de longues années sous les tropiques (Tchad, Mauritanie, Niger, Dahomey, Sud Vietnam, Cambodge, Martinique et Sénégal). Le goût d'écrire lui est précisément venu durant ses années de solitude et d'activité au Tchad, par le besoin de partager avec les siens les impressions qu'il éprouvait sur la bosse de son chameau ou entre les quatre murailles d'un poste perdu dans les roches et les sables.
Depuis cette époque il n'a pas cessé d'écrire, ce qui lui a valu deux prix littéraires, celui de l'Afrique Occidentale en 1955 et celui du Sahara en 1961, et cet ouvrage est le septième qu'il publie dans le domaine de l'exotisme tropical.