Intéressante !
5/5 Catholica.
.----. Courte mais intéressante enquête sur les lieux de présumées apparitions mariales particulièrement incongrues, drainant pourtant des foules innombrables. L’originalité par rapport à des précédents du même ordre est l’implication de religieux et même de hauts prélats dans la caution apportée à ces imprudents engouements – ce que confirme le récent faux pas en ce sens du cardinal Schönborn. En annexe, une conférence de l’évêque de Mostar, Mgr Peric, puis un entretien avec lui, et un texte de Mgr Brincard, évêque du Puy-en-Velay. (Aux dernières nouvelles, la question devrait être examinée pour de bon par la Congrégation de la Foi.) [ Catholica, n° 107, printemps 2010 ]
Comme à La Salette ?
4/5 La Nef .
.----. Entretien avec Yves Chiron
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Quelle est la position officielle de l’Église actuellement sur Medjugorje et que signifie-t-elle concrètement ?
Il y a eu trois jugements successifs. En 1986, la Commission d’enquête réunie à l’initiative de l’évêque de Mostar de l’époque, Mgr Zanic, a conclu à un Non constat de supernaturalitate (« Le caractère surnaturel [des apparitions] n’a pas été établi »). En 1991, après le travail d’une autre commission, la Conférence des évêques de Yougoslavie aboutit à la même conclusion. Enfin, en 1997 (et en 2006, à nouveau, lors d’une audience avec Benoît XVI) l’actuel évêque de Mostar, Mgr Peric, a pris une position plus sévère encore : Constat de non supernaturalitate (« Le caractère non surnaturel [des apparitions] a été établi »).
Certains contestent ce jugement estimant qu’il ne s’agit là que de la position « personnelle » d’un évêque. Là aussi, il y a erreur. Selon les Normes relatives au discernement des apparitions privées publiées par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1978, c’est à l’évêque du lieu des apparitions que revient la décision d’enquêter et de prononcer un jugement. La Congrégation peut intervenir soit à la demande de l’évêque du lieu où se déroulent les faits, soit à la demande d’« un groupe qualifié de fidèles ». À ce jour, malgré les rumeurs, il n’y a, ni dans le diocèse de Mostar ni en lien avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, aucune nouvelle commission d’enquête.
N’y a-t-il pas une incohérence à permettre les pèlerinages privés si le jugement actuel de l’Église est négatif ? Est-ce une démarche habituelle ?
Les pèlerinages officiels (organisés par l’Église) sont interdits, les pèlerinages à titre privé sont autorisés. Car nul ne nie qu’il puisse y avoir des fruits spirituels positifs en lien avec Medjugorje. Mais, outre le fait qu’il y a aussi des fruits négatifs, les fruits positifs ne sont pas une preuve décisive de l’authenticité d’apparitions ou de révélations. Comme le dit Mgr Peric, « ils peuvent s’interpréter comme un produit de l’œuvre normale de la grâce divine ».
Medjugorje est un sujet qui passionne et divise; beaucoup témoignent qu’il s’y fait du bien et personne n’est obligé d’y aller (certains affirment que le statut des apparitions y est le même qu’à La Salette) : pourquoi dès lors intervenir et ne pas laisser faire ?
À La Salette, après une enquête rigoureuse, l’évêque du diocèse, Mgr de Bruillard a publié un mandement reconnaissant comme « indubitable et certaine » l’apparition de 1846. À Medjugorje, c’est exactement l’inverse. L’évêque de Mostar et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sont fondés à intervenir pour mettre en garde les fidèles contre une illusion de nature religieuse qui a toujours des conséquences spirituelles néfastes.
Propos recueillis par [ Christophe Geffroy dans La Nef, n° 213, mars 2010 ]