Jacques Massu, c'est d'abord une "gueule". Qu'il la ferme ou qu'il l'ouvre, elle ne passe jamais inaperçue. Mais quel roman que sa vie ! A trente-deux ans, le saint-cyrien déjà en poste en Afrique est saisi par l'histoire : dès juin 1940, de Gaulle devient le dieu, et Leclerc bientôt son prophète. En mars 1941, il est avec le futur maréchal de ceux qui prêtent le serment de Koufra. C'est cela, Massu : un engagement toujours généreux, parfois irréfléchi, qui le conduit ensuite en Indochine, à Suez, et enfin à Alger.
C'est alors que le destin le prend par l'épaule : le pouvoir politique s'en remet à la 10e division parachutiste et à son chef pour maintenir l'ordre. Massu, de janvier à septembre 1957, gagne la bataille d'Alger. Mais à quel prix ? La torture, à l'oeuvre bien avant lui, devient une pratique systématique. Massu ne l'a jamais vraiment niée, tout en la minimisant. En 1990, il en a exprimé un profond regret.
Car Jacques Massu, l'auteur le montre bien, est un homme, et un chrétien. Son dernier fait d'armes est d'ordre moral : en mai 1968, commandant en chef en Allemagne, il regonfle son vieux chef de Gaulle. Ainsi Massu grogne, Massu s'insurge, Massu se soumet : c'est un soldat, le dernier grand acteur de la Seconde Guerre mondiale, des conflits coloniaux et de l'épopée gaulliste.
Biographe accompli, Pierre Pellissier a retracé le destin de plusieurs personnages controversés dont Robert Brasillach et Salan.
Il est également l'auteur de La Bataille d'Alger et de Diên Biên Phu.