Les Harkis « traîtres ou victimes » : cette formule qui servit naguère à Françoise Gaspard dans une émission sur France Culture à les enfermer dans un dilemme d'une tortueuse et efficace dialectique a fait beaucoup de mal. De fait, aujourd'hui encore, les enfants de Harkis se débattent entre les deux alternatives. Formés à l'école dite républicaine mais, en réalité, néo-communiste de la révision systématique de l'Histoire de l'Algérie favorable aux Algériens et à leurs amis tiers-mondistes et porteurs de valises, ils pensent qu'un Musulman d'Algérie ayant délibérément fait le choix de l'Algérie française est un traître. Or, ils ne peuvent pas imaginer leur propre père dans ce rôle. Alors, ils s'en sortent en pensant que leur père a été harki contraint et forcé et qu'il est lui aussi, comme les Algériens, victime du colonialisme. A la pression politique s'est ajoutée la pression religieuse. Un bon musulman ne saurait avoir été un Harki. D'où, nouveau dilemme.
Kader Hamiche, fils de Harki et fier de l'être, a voulu en finir avec ces manipulations. C'est l'objet de ce livre constitué de diverses correspondances avec des personnalités plus ou moins connues mais aussi de réflexions originales et approfondies sur les Harkis face à diverses problématiques : la politique, l'Islam, la citoyenneté, etc. Cela donne un livre qui navigue entre le pamphlet, le manifeste écrit d'une plume acide d'écorché vif, et la confession. Avec, ici et là, des envolées lyriques qui donnent le frisson.
A lire !
Né en 1955 près de Bougie (Kabylie), l'auteur renaquit à la vie, après l'abandon des Harkis, le 11 février 1963 à Dreux (Eure-et-Loir), la ville dont le maire le plus emblématique avait été Maurice Violette. Ce grand et clairvoyant ministre de la 3ème République avait dit en 1936 à Léon Blum, alors Président du Conseil, qu'il faudrait donner des droits aux Algériens. A défaut, ils les prendraient eux-mêmes. Malheureusement, son plan pour l'Algérie fut différé à cause de la Guerre de 39-45. On en connaît les suites.