Sur fond de fête impériale puis de désastre de la guerre de 1870, Mademoiselle de Jessincourt se déroule dans le petit monde d'une sous-préfecture nommée Amermont (lire Briey), à l'ombre de la "grande cité", Metz. Cernée par les anciens remparts, la ville haute de Briey abrite l'église, l'hôtel de ville, le tribunal et la sous-préfecture, ainsi que les vieilles familles de la société briotine. Metz, quant à elle, brille des ors du Second Empire et du prestige de son École d'application du Génie et de l'Artillerie, respirant une insouciante quiétude d'avant-guerre. 1859. L'héroïne, la quarantaine au début du livre, perd sa mère despotique. Désormais, elle va partager son existence entre sa grande passion pour l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, et sa tendresse pour sa nièce, qu'elle aime comme sa propre fille. Pour cette dernière, elle se résigne à tous les sacrifices qui ne sont payés finalement que d'ingratitude. Les malheurs s'abattent sur Louise de Jessincourt : deuils, chagrins domestiques, abandons. C'est ensuite la guerre et l'invasion, puis la solitude grandissante, où elle s'enfonce avec une farouche obstination. Sa vie misérable de recluse s'achève après la plus triste et la plus navrante agonie, aux accents balzacien et flaubertien.
Né à Spincourt dans la Meuse, Louis Bertrand (1866-1941) a grandi à Briey. Épris de l'Afrique du Nord, pays du soleil loin de son austère et triste Lorraine, il y voit un creuset des civilisations latines. Élu en 1925 à l'Académie française où il succède à Maurice Barrès, il est l'auteur d'une soixantaine d'ouvrages, parmi lesquels des romans, des essais, des récits de voyage et des "mémoires", intitulés Une Destinée.