Veuve à vingt-cinq ans, la marquise de Sévigné découvrit sur le tard un objet à sa flamme : sa propre fille, Françoise. Dans un récit enlevé et vivant, Anne Bernet raconte la passion dévorante d'une mère dont la correspondance éditée après sa mort révéla une prodigieuse épistolière.
Marie de Sévigné (1626-1696) avait-elle jamais imaginé que ses lettres seraient un jour publiées ? Née Rabutin-Chantal, mariée très tôt, la jeune marquise connaît auprès de son mari l'expérience malheureuse d'une vie conjugale sans amour. La trahison de son époux tué dans un duel pour les beaux yeux de sa maîtresse la laissa désabusée. Très courtisée, sans doute amoureuse de Fouquet, elle prend la décision de rester sans attaches et se dévoue corps et âme à sa fille Françoise. En la mariant au comte de Grignan, que sa charge oblige à résider en Provence, Madame de Sévigné s'arrache le cœur. Amputation d'autant plus cruelle que Françoise de Grignan, trop longtemps étouffée par la personnalité d'une mère très belle et très brillante, éprouve un réel soulagement à s'en éloigner... Commence alors entre la mère et la fille une correspondance dont le chantage affectif, la menace, les cris, l'amour, la haine ne sont jamais absents. Drôle, tendre, désespérée, déchirée entre des sentiments très terrestres et sa crainte de Dieu, la marquise enseigne dans un genre inédit l'art d'être femme, mère et... libre résolument.
Anne Bernet, critique littéraire, a publié, entre autres, chez Perrin :
Bernadette Soubirous, Les Grandes Heures de la chouannerie, Enquête sur les anges et Charette.