Louis Veuillot (1813-1883) ne joua aucun rôle politique effectif : convaincu de l'inanité des débats parlementaires, il refusa plusieurs fois un siège de député ou de représentant du peuple. De la même façon qu'il fuyait les tribunes, il méprisa toutes les prébendes. Et cependant, son rôle politique, à la fin de la Monarchie de Juillet, sous la Seconde République et le Second Empire, et au cours des premières années de la troisième République, fut très important.
Catholique intransigeant, marqué par une conversion existentielle à l'âge de 25 ans, journaliste-né doué d'une plume tantôt tendre, tantôt acérée, toujours flamboyante, Veuillot fut, durant quarante ans, à la tête du journal l'Univers, le représentant à la fois le plus admiré et le plus détesté de la Politique ultramondaine, qui considérait que les droits de l'Eglise romaine primaient sur tous les autres y compris ceux de l'Etat, surtout lorsque cet Etat se revêtait des "défroques" de la démocratie, héritées de la Révolution française, qui fut, toujours, aux yeux de Veuillot, le mal par excellence.
Ennemi des partis politiques, le rédacteur en chef de l'Univers se considéra, toute sa vie, comme le défenseur et le représentant du parti de Dieu qui, pour lui, se confondait avec le Parti de l'Eglise romaine et du Pape.