"Nous avons reçu la visite d'un orientaliste français, tout jeune, âgé de 24 ans environ. Il est venu ici pour étudier la religion des musulmans. Il n'a de plaisir que lorsqu'il se trouve en société avec eux (...) Il travaille jour et nuit (...) Les musulmans sont en admiration devant ce prodige d'érudition". Lettre du Père Anastase, carme de Bagdad, témoin de la conversion du jeune Massignon.
Membre de l'Institut d'Archéologie orientale du Caire, Louis Massignon est un jeune universitaire français, agnostique, désabusé par le rationalisme ambiant froid et stérile. Lors d'une expédition en Mésopotamie, il fait l'expérience de l'indicible.
Contre toute attente, dans le dédale des signes et des symboles dont la culture arabo-musulmane est pétrie et d'où rayonnent la beauté et la poésie, Massignon eut soudain la révélation du Dieu Trinitaire de son enfance. Alors rompu aux pratiques morales décadentes, il va désormais vivre et mener à son plein accomplissement la grâce reçue à Bagdad : devenir l'hôte du Très-Haut, selon son expression "hospitalité sacrée", et offrir sa vie pour les âmes, en particulier les âmes musulmanes. C'est ce qu'il appelle la substitution par compassion.
L'auteur nous livre ici l'itinéraire du retour à la foi catholique d'une grande figure du XXè siècle. Savant, écrivain, mystique et poète, Louis Massignon a porté à l'accomplissement sa "courbe de vie" dans un sacerdoce oblatif. Disciple de Charles de Foucauld, il a correspondu avec Maritain et Claudel. Il a su nous introduire aussi à la richesse émotionnelle du monde symbolique de l'islam, dont le rôle est essentiel pour comprendre sa vocation, à tous égards exceptionnelle.
Jacques Keryell, né en 1930, arabisant et islamisant, a été un ami personnel de Louis Massignon. Diplômé du centre International d'Etudes philosophique et théologique de Toulouse, il a pratiqué la céramique arabo-persanne pendant trente-cinq ans. Il est menbre de l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts d'Angers et à séjourné vingt-ans au Maghreb et au Machreq.