6 questions ?
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.----. Breizh-info.com : Encore un livre de plus sur l’islam, serais-je tenté de dire. Qu’avez-vous souhaité apporter au débat sur l’islamisation de l’Europe ?
Jean-Louis Harouel : J’ai voulu dire qu’il est totalement irréaliste de laisser des millions de musulmans résider sur notre territoire en gardant les modes de pensée et les mœurs d’un pays musulman, et en même temps espérer continuer à vivre en France et en Europe comme on y vivait naguère, en pratiquant à l’égard des religions une liberté de pensée et d’expression proscrite par l’islam. En de nombreux points de son territoire, la France, qui est la nation européenne comptant sur son sol le plus grand nombre de musulmans, s’est aujourd’hui transformée en un autre pays que la France : un pays musulman. Ce qu’a récemment ressenti Éric Zemmour qui, revenant dans cette banlieue nord où il avait passé son enfance, en a tiré la conclusion qu’on avait changé de pays : « On n’est plus dans le même pays. »
J’ai voulu montrer que les assassinats islamistes représentent un danger inhérent à une présence musulmane massive. Dans une population musulmane importante, il y aura forcément un pourcentage de gens qui vont prendre la charia à la lettre et vouloir tuer les infidèles et les blasphémateurs, comme c’est prescrit par certains passages du Coran ou comme le Prophète a plusieurs fois incité ses fidèles à le faire. Le possible assassinat pour punir la liberté de pensée ou autre forme d’impiété est un risque inhérent à l’islam. La multiplication en France de cette violence résulte de ce qu’on l’a laissée devenir, sur toute une partie de son sol, un pays musulman. Or, dans un pays musulman, il y a obligation de faire preuve de respect envers l’islam et les contrevenants sont sévèrement châtiés.
La décapitation de Samuel Paty et les menaces de mort qui pèsent sur tout enseignant considéré comme offensant l’islam ne sont que la conséquence logique de la situation insensée dans laquelle les responsables politiques ont progressivement enfermé la France au long des cinquante dernières années : accueillir des millions de musulmans en respectant scrupuleusement leurs croyances, et en même temps attendre d’eux une adhésion à une liberté de pensée que le droit musulman considère comme un crime et punit de peines pouvant aller jusqu’à la mort.
Pour tenter de garder notre liberté d’expression, et plus fondamentalement encore l’avenir de notre existence en tant que peuple, il n’est qu’un moyen : faire en sorte que ce pays musulman qui s’est constitué sur le sol français soit réintégré dans la France, qu’il redevienne français. Faute d’y parvenir, c’est notre existence même comme peuple qui se trouvera compromise, car nous aurons laissé une autre civilisation nous arracher notre droit à la « continuité historique », selon la belle formule de Bérénice Levet. Nous le savons depuis Valéry : notre civilisation peut mourir car les civilisations sont mortelles et l’histoire est leur tombeau. C’est aux peuples européens de décider s’ils veulent mourir ou continuer à vivre, et s’ils sont prêts à faire ce qu’il faut pour cela.
Breizh-info.com : La question démographique ne règle-t-elle pas aujourd’hui, et à moyen terme, le sort de l’Europe et des Européens face à une Oumma de plus en plus nombreuse ?
Jean-Louis Harouel : Effectivement, c’est la démographie qui sera la clé de notre avenir et qui indiquera à l’Oumma si la France et d’autres pays d’Europe occidentale sont devenus oui ou non des fruits à cueillir, s’ils sont mûrs pour tomber presque d’eux-mêmes dans l’escarcelle de l’islam. Il y a eu, on le sait, une volonté musulmane millénaire de conquérir l’Europe. Et c’est en repoussant les entreprises conquérantes de l’islam, ou en se libérant des occupations qu’il avait établies (Espagne et France méridionale, Sicile, Hongrie, Balkans) que l’Europe a pu réussir à rester l’Europe. Sinon, elle serait devenue dans le domaine de la civilisation ce qu’elle est géographiquement, c’est-à-dire un petit cap de l’Asie. Or, du fait de l’ampleur de la présence musulmane sur notre sol, à un moment où notre capacité de résistance se trouve amoindrie par la soumission des sociétés occidentales à la religion des droits de l’homme, il ne fait pas de doute que l’Europe occidentale ne soit redevenue ce qu’elle avait été au Moyen Âge, c’est-à-dire une terre à prendre, une proie pour l’islam. Cela est dit sans ambages par de hauts dirigeants des Frères musulmans, mais les islamistes ne sont pas seuls en cause. Beaucoup de musulmans réputés modérés sont eux aussi dans cette logique de conquête patiente, feutrée, non dite. Ils savent que la démographie joue en faveur de l’islam, grâce au nombre d’enfants des femmes musulmanes et à l’incessante arrivée de nouveaux immigrés musulmans. Ils savent que tôt ou tard, la situation de l’islam sera assez forte pour qu’ils puissent, d’une manière ou d’une autre, prendre le pouvoir en France et peut-être aussi dans d’autres pays européens. Si rien n’est fait entre temps pour inverser ce processus, le basculement de la France et d’autres pays d’Europe occidentale dans l’orbite du monde musulman semble inéluctable à l’horizon de quelques décennies.
Breizh-info.com : Votre livre évoque l’impossibilité du monde musulman de se défaire de la religion, qui lui est intrinsèquement liée. En quoi ce qui a été possible pour les autres religions ne le serait-il pas pour l’islam ?
Jean-Louis Harouel : En fait, la seule religion qui ait pleinement connu ce phénomène est le christianisme, dont Marcel Gauchet a pu écrire qu’il avait été historiquement « la religion de la sortie de la religion ». Sous l’effet des logiques inhérentes au christianisme, et sans que cela ait empêché le maintien « d’une vie religieuse à l’échelle des personnes », les sociétés européennes sont progressivement sorties de « la structuration religieuse des sociétés ». Cela ne veut pas dire que l’Église ne se soit pas opposée tant qu’elle a pu à cet abandon de « la religion comme structure ». Mais, le christianisme étant une religion exclusivement tournée vers des finalités spirituelles, l’Église n’a jamais directement puni l’irréligion par des sanctions terrestres. Elle a laissé l’État le faire à son service. Seulement, quand l’État s’est affranchi de l’Église et s’est laïcisé, il a cessé de punir les impies et les blasphémateurs. Et comme l’Église ne pouvait leur infliger que des sanctions spirituelles, ils ont cessé d’être punis concrètement.
À l’opposé de ce processus, l’islam n’a pas eu besoin de l’État pour édicter des règles de droit punissant les impies, puisque les textes saints musulmans contiennent tout un code de droit qui fulmine des peines terribles contre les mauvais musulmans. Grâce à l’arme de la loi pénale prétendument divine dont il est porteur, l’islam s’est dès le départ protégé contre toute remise en cause en menaçant de mort ceux qui contesteraient ses dogmes et son emprise sur la société.
Breizh-info.com : Vous expliquez que c’est la peur qui permet aux régimes islamistes de se maintenir depuis des siècles et des siècles dans le monde musulman. A contrario, il y a aussi des exemples de pays qui ont sorti, par moment, les islamistes de l’histoire, notamment dans le monde arabe, là aussi par la peur et la violence. Expliquez-nous.
Jean-Louis Harouel : Il y a deux choses bien différentes. D’une part, certains gouvernants arabes ont effectivement, sans remettre le moins du monde en cause le prestige de l’islam et sa domination sur la société, utilisé la violence et la peur contre les islamistes, tels en Égypte Nasser puis Sadate, lequel a d’ailleurs été finalement assassiné par eux. Et puis, d’autre part, il y a la mécanique répressive de nature terroriste inhérente à l’islam, qui le protège contre la liberté de l’esprit. Et cela concerne l’islam considéré comme normal, comme modéré par rapport à l’islamisme. Lorsque, en 1981, dans l’Égypte de Sadate, un de ses ministres d’État explique tranquillement à la presse étrangère que l’assassinat du musulman qui se convertit à une autre religion « ne va pas à l’encontre de la liberté de religion », cet homme d’État ne parle pas en extrémiste ou en islamiste : il donne simplement le point de vue d’un bon musulman connaissant bien ses textes saints. L’islam enferme la pensée humaine dans un conformisme bigot envers toutes les prescriptions et interdictions édictées par les textes que les musulmans affirment être la loi divine. D’un point de vue musulman, il y a des tas de choses qu’on n’a pas le droit de dire ou de faire. Transgresser ces règles se fait au péril de sa vie, car le droit pénal musulman a prévu pour ces crimes des peines pouvant aller jusqu’à la mort. En conséquence, sauf rarissimes exceptions, des intellectuels d’origine musulmane n’ont pas osé se dresser ouvertement contre l’islam, et les sociétés musulmanes n’ont pas connu la grande révolte contre la domination de la religion qui a caractérisé les sociétés chrétiennes de l’Europe à partir du XVIIIe siècle. L’islam a été et reste préservé de toute contestation par la peur.
Breizh-info.com : L’Europe, dans tout cela, n’est-elle pas finalement victime de la religion des droits de l’homme, qui condamne finalement au suicide d’une civilisation, si rien ne change ?
Jean-Louis Harouel : Le drame de la France et plus généralement de l’Europe occidentale vient de leur adhésion à une nouvelle utopie censée instaurer sur la terre le règne du bien : la religion séculière des droits de l’homme. Ce nouvel avatar de la religion de l’humanité a pris le relais du communiste, avec cette différence que la lutte des classes est remplacée par le combat contre les discriminations, mais au service du même objectif qui est l’émancipation de l’humanité par l’instauration de l’égalité. La religion des droits de l’homme fonde une idéologie farouchement anti-nationale qui a radicalement changé le contenu de la démocratie, désormais identifiée au culte de l’universel, à l’obsession de l’ouverture à l’autre. Principe fondamental de la démocratie, la souveraineté du peuple passe au second plan et se trouve remplacée par le règne des dogmes de la religion des droits de l’homme, avec les juges en guise de prêtres. Dans les démocraties occidentales perverties par la religion des droits de l’homme, comme naguère dans la prétendue démocratie qu’était le monde soviétique, les citoyens sont écrasés par des tabous idéologiques dont la transgression est durement punie par le droit pénal : le totalitarisme droits-de-l’hommiste a pris la suite du totalitarisme communiste dans la volonté d’empêcher l’individu occidental de penser et d’agir librement. Violant la disjonction fondatrice de l’Occident entre le politique et le religieux, cette religion séculière d’État prive les Français et plus généralement les Européens de leurs libertés et leur interdit de se protéger contre la présence envahissante d’autres peuples, d’autres civilisations.
Breizh-info.com : Quelle touche d’optimisme, quelles perspectives offrez-vous aux lecteurs pour notre avenir proche ?
Jean-Louis Harouel : En vérité, pas beaucoup. Nous sommes dans une telle impasse qu’on ne voit pas très bien comment nous pourrons nous en sortir. Et cela en raison de la soumission de l’Occident aux dogmes de la religion officielle des droits de l’homme. Exerçant un effet profondément dissolvant sur les sociétés européennes au nom la chasse aux discriminations, présentant le cosmopolitisme comme le bien absolu, interdisant aux peuples européens de s’estimer et de s’aimer, creusant le vide démographique de l’Europe par une forte incitation à l’avortement et comblant ce vide par l’arrivée de populations principalement d’origine africaine et de civilisation musulmane, la religion des droits de l’homme mène les Européens à leur anéantissement. Et il est très difficile d’inverser cette mécanique suicidaire, dès lors que cet état de choses objectivement désastreux pour les peuples européens se trouve perçu comme juste et bon par les responsables gouvernementaux et par les milieux d’affaires mondialisés, dès lors que tout cela est conforme à la morale vertueusement autodestructrice qui sous-tend l’idéologie promue par la religion des droits de l’homme. Tout comme le communisme dont elle a pris la suite, cette religion séculière interdit de voir la réalité et oblige à vivre dans un monde imaginaire. Avec pour conséquence que le bien et le mal ne sont plus définis à partir de la compréhension du réel, mais par rapport aux idéaux de ce monde rêvé. De sorte que ce qui était le bien est devenu le mal, et inversement. Les mesures favorables à l’immigration et les complaisances pour l’islamisation de l’Europe étant considérées comme le bien par les élites qui nous gouvernent, il ne faut évidemment pas compter sur elles pour les combattre.
La seule petite note d’espoir qu’il soit possible d’introduire malgré tout concernant la France tient à la manière totalement atypique dont s’y déroule actuellement la pré-campagne pour l’élection présidentielle, du fait de l’onde de choc provoquée par le probable candidat Éric Zemmour avec sa manière inédite de refuser toute langue de bois et d’appeler les choses par leur nom. Il a ainsi contraint les candidats se réclamant de la droite de gouvernement à renoncer à leur habituel prêchi-prêcha conformiste, pour prendre nettement position sur les questions d’immigration, d’islamisation, de paralysie du pouvoir politique par les juges-prêtres du culte des droits de l’homme, nationaux comme supranationaux. Même, dans ce contexte de libération de la parole et de la pensée, le président et futur candidat Macron s’est senti poussé à tenir aux dirigeants algériens un discours de réalité aux antipodes des génuflexions et prosternations repentantes auxquelles il s’était jusqu’alors livré. Bref, Eric Zemmour a réussi en quelques semaines ce que le Rassemblement national n’était pas parvenu à obtenir malgré tous ses efforts : obliger la classe politique à quitter un peu le monde imaginaire du droits-de-l’hommisme pour revenir un tant soit peu dans le monde réel. C’est capital, car le processus de la conquête de l’Europe par l’islam ne peut être contré que dans la mesure où il est reconnu pour ce qu’il est, et non pas perçu comme un phénomène normal, voire désirable. Ce récent – mais fragile – retour dans le monde de la réalité est une lueur bienvenue dans la nuit qui tombe sur la France.
Et puis, plus fondamentalement, une touche d’optimisme pour l’Europe peut être ajoutée à ce sombre tableau grâce aux politiques réalistes menées courageusement par plusieurs pays de l’ancien bloc communiste, au premier rang desquels la Hongrie et la Pologne. Ayant souffert pendant un demi-siècle sous la botte du totalitarisme communiste, ces peuples et leurs dirigeants sont plus aptes que nous à percevoir le caractère totalitaire et suicidaire de la religion des droits de l’homme qui a pris sa suite, si bien qu’ils refusent l’idéologie immigrationniste qu’elle prétend imposer aux Européens et qu’ils sont le socle d’une résistance à l’islamisation de l’Europe.
[ Propos recueillis par YV le 18 novembre 2021 pour breizh-info.com ]