Entre tous les moyens que l'esprit du mal met en usage pour perdre les âmes, les livres sont l'un des plus efficaces. Au temps où nous virons, le fléau des lectures malsaines est peut-être le plus terrible de ceux qui exercent leurs ravages dans la société chrétienne. D'une part, la presse multiplie à l'infini des productions qui sont également dangereuses pour la foi et les rnoeurs, soit qu'elles les attaquent directement et ouvertement, soit que, les attaquant par des voies indirectes et par des procédés négatifs, elles insinuent le poison sous des apparences trompeuses, et induisent en erreur bien plus par ce qu'elles dissimulent que par ce qu'elles expriment. D'autre part, sous l'influence du siècle, l'esprit de foi a diminué, l'esprit d'indépendance a grandi, le rationalisme et le sensualisme ont pénétré les habitudes de la vie chrétienne. De là est née une horreur de la contrainte qui peu à peu élargissant les consciences, a fini par laisser libre carrière à la curiosité des lectures, à l'amour des nouveautés, à l'appétit de toutes les jouissances que peut procurer une Littérature sensuelle. Il semble que nous soyons arrivés aux temps prédits par saint Paul, où les hommes ne pourront plus supporter la saine doctrine ; où, tourmentés par la démangeaison d'entendre ce qui les flatte, ils iront avec avidité à tous les maîtres, refuseront d'écouter la vérité, et rechercheront les futilités : - Et n'est-ce pas aussi la réalisation des paroles du Psalmiste : "Les vérités sont diminuées parmi les enfants des hommes. Ils ne parlent plus entre eux que pour dire des vanités" ? Ce mal est-il sans remède ? Cette funeste licence est-elle entrée si avant dans les moeurs, que la société soit désormais condamnée à la porter dans son sein comme une plaie incurable ? Nous ne savons quel avenir est réservé aux sociétés modernes, ni si elles guériront des maux que leur a faits la Révolution. Mais ce que nous savons, c'est que, si elles en doivent être guéries, ce sera par l'Église. L'Église a des remèdes pour toutes les plaies sociales. Et, pour celle que nous signalons ici en particulier, elle en a de très spéciaux et de très efficaces.
Notre dessein n'est pas d'envisager le magistère de l'Église sous tous ses aspects, mais seulement au point de vue de la prohibition des doctrines et des livres, en traitant de l'Index, de son histoire, de ses lois et de sa force obligatoire.