Le lecteur connaît Louis Audouin-Dubreuil : c'est l'explorateur qui avait conduit les Missions Citroën sur les pistes d'Afrique et d'Asie et le vieux Saharien guettant l'aube au sommet de son bordj dominant l'oasis de Timimoun. On n'avait cependant jamais évoqué jusqu'à ce jour le cavalier du 10e régiment des hussards. Voici le chaînon manquant à ce parcours, quatre années d'une expérience de vie dure, douloureuse, passionnante qui forma l'homme qu'il devint.
En septembre 1914, il combat sur la Marne, puis dès le mois d'octobre, il descend avec ses hommes dans les tranchées du front d'Artois. En 1915-1916, il est à Verdun, au Four de Paris, puis au bois de Malancourt. À la fin de l'été 1916, il rejoint sur l'Yser les fusiliers marins dans les tranchées des polders belges. En janvier 1917, à l'École d'aviation d'Avord, il s'initie au pilotage des premiers appareils de guerre. Jusqu'à la fin des hostilités, il est affecté dans l'aviation tunisienne des « Territoires du Sud », sur la frontière libo-tunisienne fréquemment attaquée par les Senoussis révoltés.
En proposant l'intégralité des correspondances et des notes de guerre de son père, de sa famille et de ses amis, Ariane Audouin-Dubreuil effectue un véritable devoir de mémoire. Après avoir retrouvé dans les archives familiales ces documents extraordinaires, elle a décidé de partager les carnets de notes, prises quasi quotidiennement à l'encre noire, rouge et au crayon, sur un mini-calepin, sur des feuillets de papier de soie ou de brouillon, les lettres entre un fils et sa mère, un jeune homme et ses compagnons d'armes... Ces textes restituent une vérité, une réalité de l'instant vécu : peu de lignes parfois mais intenses, dramatiques, banales, drôles. Elles sont reproduites intégralement car elles sont apparues comme indissociables des correspondances qu'elles viennent compléter.