Fondé en 1920 par la France, l'Etat du Grand Liban ne fut jamais accepté par sa population musulmane qui rêvait d'un Royaume arabe avec Damas pour capitale. Ce n'est qu'en 1943 qu'elle toléra l'idée d'un Liban indépendant à la condition qu'il le soit aussi de toute influence occidentale, ce fut le Pacte national, ni Orient ni Occident. Or le Pacte ne fut jamais respecté, et les deux camps s'accusèrent de trahison dès le début de la guerre froide et la création de l'Etat d'Israël qui ne devaient qu'aggraver la situation et ramener l'ordre naturel des choses.
Ainsi, depuis son indépendance, le Liban connut plusieurs conflits armés plus ou moins graves avant d'exploser dans la guerre civile de ces dernières années. Du Pacte national à l'intervention de la Syrie et d'Israël en passant par la première guerre israélo-arabe, les évolutions de la politique occidentale au Liban, l'influence américaine, le chéhabisme et ses conséquences dramatiques pour la communauté chrétienne, la marche vers la guerre civile, les premiers combats du 13 avril 1975, Richard Haddad relate, au terme d'une étude serrée, érudite, précise et qui ne laisse rien dans l'ombre de la société libanaise, de ses origines et de ses contradictions, l'histoire de deux peuples qui ne font pas et qui n'ont jamais fait une nation.
Ce livre n'a pas été écrit pour plaire aux intellectuels de salon ou pour satisfaire une pensée utopique imposée par le conformisme politique. Son objectif n'est donc pas de répéter, en d'autres termes, toutes les fables qui ont déjà été dites et écrites sur le Liban et les Libanais, mais d'analyser des faits et d'en tirer une conclusion objective.
Richard Haddad est historien et politologue de formation, auteur d'un livre sur Les Phalanges Libanaises et de plusieurs articles sur le Liban, tous ses travaux sont fondés sur des enquêtes menées sur place lors de ses différents voyages au Liban et sur des archives libanaises et françaises. Son ouvrage, Liban, deux peuples ne font pas une nation, est inspiré du mémoire qu'il a présenté et soutenu pour son Diplôme d'études approfondies de Géopolitique à l'Université Paris-Sorbonne.