Dans le ciel de Paris, il apparaît tour à tour brumeux, éclatant, étincelant d'or ou diaphane. C'est le dôme des Invalides qui resplendit. A l'image d'une histoire à la fois grandiose et douloureuse, qui en fera le théâtre permanent d'une ascension héroïque puis d'une lente descente au tombeau. Premier grand chantier après le Louvre désormais dépassé, et avant Versailles encore à ses débuts, l'hôtel des Invalides se construit dans le fracas du Grand Siècle, au milieu des luttes de pouvoirs, opposant Libéral Bruand l'austère à Jules Hardouin-Mansart, le prodigue.
Le lieu destiné à devenir monumental concentre toutes les ressources des beaux-arts : gravure, peinture et sculpture... Elevé à la gloire de Louis XIV, l'édifice couronné d'une coupole fastueuse est un chef-d'oeuvre d'équilibre et de puissance. Mais sous l'apparat perce déjà une ombre funèbre : la présence des morts et des invalides de guerre que célèbre continuellement la "double" église : au nord, celle des Soldats, au sud "l'église Royale" abritant, sous la coupole, le tombeau de Napoléon.
Du Retour des cendres de l'Empereur, en 1840, à la cérémonie d'hommage rendue par la République aux soldats tombés en Côte-d'Ivoire, en 2004, c'est cette véritable vocation de chambre des morts que continue à remplir l'hôtel des Invalides au fil de l'Histoire.
Un portrait grandeur nature de l'un des fleurons de la France.
Françoise Lafarge, agrégée de Lettres classiques, spécialiste de la littérature du XVIIe siècle, a notamment publié Flaubert, le corps mélancolique (Revue Eden'Art) et La Passion de la mélancolie (Belin).