Marignan, Pavie, Bayard, Vinci ...
5/5 Nouvelle Revue d’Histoire (NRH)
.----. Le grand public cultivé a retenu des guerres d’Italie l’épisode de Marignan, la venue en France de Léonard de Vinci, le désastre de Pavie, les exploits héroïques de Bayard et, peut-être, la furia francese qui décida de la victoire de Fornoue. La lecture traditionnelle de cet épisode le place sur une séquence d’une soixantaine d’années, du règne de Charles VIII à celui d’Henri II.
Dans ce nouvel ouvrage, Jacques Heers révèle à quel point la réalité fut plus complexe. Grand pourfendeur d’idées reçues, attaché à « déconstruire » les lectures par trop conventionnelles de notre histoire nationale, il rappelle tout d’abord que la France fut présente à Naples dès le XIIIe siècle, quand la papauté mobilisa la maison d’Anjou contre les héritiers de son adversaire défunt, Frédéric II de Hohenstaufen. Il montre aussi comment cette présence au sud de l’Italie s’inscrit dans la grande politique méditerranéenne qui voit notamment Philippe III le Hardi déclencher la croisade d’Aragon contre un souverain qui va finalement s’imposer à Naples, en Sicile et en Sardaigne. Les initiatives des souverains français de la fin du XVe et du début du XVIe siècle sont ainsi revisitées dans la perspective de la récupération d’un héritage, celui du trône angevin de Naples ou celui des Viconti de Milan, davantage que dans une logique territoriale alors anachronique. C’est en effet après s’être épuisés dans une lutte sans espoir au-delà des Alpes que les rois de France comprirent, avec Henri II, qu’il fallait se tourner de préférence en direction du Rhin, en faisant le choix de la continuité territoriale chère à Richelieu. Outre cette dimension « géopolitique » qui, faute d’être perçue à l’époque, explique dans une large mesure l’échec des tentatives françaises en Italie, Jacques Heers présente, dans une lumineuse quatrième et dernière partie de son ouvrage, les caractéristiques structurelles de ces conflits. Au moment où s’épuise le modèle des armées féodales, le condottiere devient la nouvelle figure du guerrier. Après ses travaux sur l’interprétation globale du « Moyen Âge », les Croisades ou Louis XI, l’auteur de Gênes au XVe siècle revient ainsi vers ses premiers centres d’intérêt, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. [ Philippe Conrad dans " Nouvelle Revue d’Histoire (NRH), n°43, juillet-août 2009 ]
Ce livre comble une lacune !
5/5 Lecture et Tradition
.----. Pour la grande majorité des Français, les guerres d’Italie se situent au début du XVIe siècle. On se rappelle quelques belles chevauchées sans lendemain, la furia francese, sans connaître la bataille de Fornoue où les Italiens de la Ligue de Venise rendirent hommage, par ces mots, à la vigueur de nos soldats, et l’année de Marignan reste une des dates rarissimes qu’on connaisse, en général, avant la Révolution.
Le livre de Jacques Heers vient combler une ignorance et rectifier une vision erronée de l’histoire. Réduire les guerres d’Italie au XVIe siècle a permis de faire croire qu’avant l’aventure de Charles VIII les Français ignoraient tout de la littérature et de l’art transalpins. Le mythe de la Renaissance serait sorti de là. [...]
« Ces guerres, écrit Jacques Heers dans sa conclusion, font bien partie de notre histoire. » Les Capétiens n’auraient pas songé par eux-mêmes à cette conquête italienne pour laquelle ils n’avaient aucun droit. « En répondant au pape français Clément IV et en devenant son vassal, Charles d’Anjou n’était que le bras séculier de l’Église et ces guerres d’Italie s’inscrivent dans le conflit plus que séculaire qui opposait la papauté à l’empire. »
Par ce livre consacré à une période peu connue et qui a le mérite d’être clair, l’historien Jacques Heers comble une lacune. Il contribue à sortir l’histoire du carcan établi par Michelet et Lavisse.
[ Gilles de Grépiac dans Lecture et Tradition, numéro 381-382 - novembre, décembre 2009 . Tous les numéros de notre revue sont présentés sur ce site ]
Alliances et déchirements !
5/5 Réseau Regain.
.----. Marignan, 1515: tout le monde
connaît la victoire de François Ier.
Mais que sait-on des trois cents ans
de guerres de 1250 à 1550 entre la
France et l’Italie? Médiéviste éminent,
spécialiste de l’histoire italienne,
l’auteur lève le voile sur ces
querelles à travers la saga endiablée
des alliances et déchirements successifs
entre les sœurs latines du
continent européen. De Charles
d’Anjou à Naples au rêve de
royaume méditerranéen, de la Sicile
à la croisade contre le roi d’Aragon,
de Jeanne 1ère et ses quatre
maris aux campagnes du fameux roi
René, ce sont les fortunes et infortunes
des rois de France Charles
VIII, Louis XII et François Ier que révèle ici l’historien pour les décrypter.
Avec la guerre, le nerf de la
guerre, les hommes de guerre, les
arts de la guerre. Après la géopolitique,
la stratégie et la tactique cèdent le pas aux enjeux humains de
ces conflits meurtriers. De la levée
féodale à l’armée royale, le manque
d’hommes va de pair avec l’avènement
des condottieres, fiers capitaines
d’aventures dont Jacques
Heers s’éprend tant leur histoire recèle
d’anecdotes savoureuses et de
comportements chevaleresques ou
barbares. De même, ne reste-t-il indifférent
à cette « furia francese »dont la quête d’honneur et de gloire
aura tant divisé l’Occident chrétien. [ Notes de lectures de Georges Leroy - août 2009 ]
Des épisodes souvent oubliés .
3/5 Le Bulletin des lettres .
.----. Un livre de Jacques Heers ne laisse jamais indifférent. Ce dernier excelle à dénoncer les idées reçues et rectifier les légendes. C’est à la vision traditionnelle des Guerres d’Italie qu’il s’en prend cette fois. Dans tous nos manuels l’expression est réservée aux expéditions outre-monts conduites par Charles VIII, Louis XII et François Ier entre 1494 et 1547. Or, selon notre historien, ces « tristes aventures des rois de France » se ramènent à « quelques semaines ou tout au plus quelques mois d’occupation très mal supportée par les populations ». Et elles ont été exagérément magnifiées par l’historiographie tant royaliste que républicaine.
En revanche celle-ci ne s’est guère intéressée aux exploits de Charles Ier d’Anjou et de ses successeurs,
qui, pendant presque un siècle (1265-1343), ont régi un royaume de Naples florissant et fait rayonner l’influence française dans tout le bassin méditerranéen. La haute figure du frère de saint Louis, brutal, ambitieux, mais grand administrateur et mécène, domine la première partie du livre, la plus développée. Après un chapitre de transition un peu laborieux, tellement sont confuses les péripéties italiennes des XIVe et XVe siècles, nous retrouvons les traditionnelles « Guerres d’Italie », pour finir sur un aperçu synthétique de « l’art de la guerre ». M. Heers utilise avec talent et sens critique les multiples chroniques, mémoires, panégyriques, relations de toutes sortes, qu’il cite longuement et dans la langue savoureuse de l’époque. Ainsi cette plongée dans la vie tourmentée de la péninsule, tout en bousculant nombre d’idées toutes faites, nous remet-elle en mémoire des épisodes souvent oubliés et fait-elle revivre des personnages méconnus. [ Pierre Bérard dans " Le Bulletin des lettres " numéro 683 - août-septembre 2009. Cette revue ne parait plus . ]