Ce n'est pas en empruntant exclusivement ou la voie électorale ou la voie insurrectionnelle que Lénine, Mussolini, Hitler et Franco ont mené leurs troupes à la victoire. Les hommes qui, de 1917 à 1936, ont, en Europe, conquis l'Etat à des fins révolutionnaires n'ont pas pu se contenter de mettre en marche soit des électeurs, soit des troupes de choc. Non seulement ils ont dû rassembler à la fois les uns et les autres, mais encore, après une longue période de formation et d'expériences personnelles, il leur a fallu résoudre, sous peine d'échec, des problèmes que les démolisseurs d'autrefois ignoraient ou pouvaient négliger au moins en partie.
Ce grand dessein fut la nouvelle mission historique qu'ils prétendaient donner à leur peuple. Cette mission, plus ou moins clairement proclamée fut mondiale chez Lénine, européenne chez Hitler, méditerranéens chez Mussolini, hispanique et chrétienne chez Franco... La révolution bolchevique avec ses trois années de combats des armées rouges contre les armées blanches ; la révolution fasciste avec sa conquête stratégique des provinces italiennes par les "chemises noires" ; la révolution nationale-socialiste qui n'aurait pu suivre la voie légale si quinze ans auparavant le ministre de la Reichswehr Noske ne la lui avait ouverte en balayant les barricades des spartakistes ; la révolution phalangiste, enfin, qui a exigé trente-deux mois de "Reconquête" militaire ; Paul Marion étudie avec une rare précision chez ces quatre figures emblématiques du XXe siècle ce que fut la naissance des chefs, la marche des événements, leur Parti, leur propagande, leurs groupes de combat, leur guerre civile et leur tactique.
Paul Marion (1899- 1954) a été membre du Parti communiste français jusqu'en 1929 ; il fondera le PPF avec Jacques Doriot en 1936. Rédacteur en Chef de L'Emancipation Nationale, puis de La Liberté, il deviendra Secrétaire Général de la Propagande et Vice-Président du Conseil en 1941 dans le Gouvernement Darlan. D'avril 1942 à janvier 1944, il sera Secrétaire d'Etat à l'Information dans le cabinet Laval, puis Ministre sans fonction jusqu'en août 1944.
Condamné le 14 décembre 1948 aux Travaux forcés à perpétuité, il est gracié en 1953 pour raison de santé. Il était le parrain de l'acteur Gérard Philippe dont le père était membre du PPF.