Romancier de talent
5/5 Revue des cercles d'études d'Angers
.----. Réimpression de la première édition en 1971 chez Plon. Le talent de Virgil Gheorghiu trouve ici une façon insolite de se manifester. Au premier abord, L'ESPIONNE est un roman policier et, en tant que tel, il captive le lecteur qui le lit sans que jamais l'intérêt de l'histoire ne faiblisse...
Mais ce roman policier où l'auteur lui-même joue un rôle important, est pour le prêtre et le poète de la Roumanie une nouvelle occasion de dire et de redire le calvaire de son pays, ravagé dans son corps et dans son âme par la plus impitoyable des tyrannies. Car Virgil Gheorghiu nous raconte dans ce livre comment la Roumanie fut asservie....
Ainsi ce roman qui, dans son genre, pourrait rivaliser avec les meilleurs policiers de la série noire, est en même temps une fresque où l'on voit se jouer le destin de l'Occident, son avenir charnel, mais aussi son avenir spirituel. ( numéro 2, novembre 1971 ).
QUI POURRAIT LIRE CE LIVRE ?
4/5 Plaisir de Lire .
.----. A 17-18 ans sans en boire tous les philtres à la fois ?
C'est pourquoi il est redoutable pour de jeunes esprits en quête d'un équilibre, qui chercnent encore à se définir le monde, sans trop savoir comment.
Ceux qui le liront tout de même feraient bien de n'y voir qu'un morceau choisi, de haute qualité, d'un frémissement coloré dont seul "le poète du Christ et de la Roumanie" a le secret.
De préférence en Table Ronde : sur la spiritualité orthodoxe, le communisme roumain, le marxisme . [ " Plaisir de Lire " , livres avec plus qu'une réserve , numéro 18 , Pâques 1972 ]
Du bon et du moins bon !
3/5 Plaisir de Lire .
.----. Cela commence comme un roman policier. Puis le livre s'élargissant semble documentaire politique, tout en mélangeant le rêve de l'auteur à la vraie histoire roumaine et tourne parfois à la poésie enflammée. Il y a des pages très touchantes sur le malheur 'un prêtre orthodoxe roumain loin de sa Patrie. De nobles pages sur le rôle du prêtre, d'étranges et dangereuses pages sur les "Belles théories" (???) de Karl Marx, de Fuerbach, de Lénine dont il ne peut croire, "à travers son personnage de Skripka), "que ces belles théories puissent être si facilement transformées en boue, en haine et en cruauté..." et l'auteur ajoute sa propre opinion, en se nommant : "si blanche et si pure que soit l'étoile de neige, dès qu'elle touche la terre elle devient de la boue... C'est la même chose avec les belles théories de justice sociale de Marx, Engels, Lénine, Fuerbach... Dès qu'elles tombent dans le cerveau de Hanna Tauler, de Staline, des chefs de prisons et de camps de concentration, ces belles théories pures comme le flocon de neige deviennent de la boue, du sang et des larmes...
Léopold Skripka sait que ce seront toujours des gens comme Hanna Tauler, comme Staline, comme les chefs de la Milice Rouge qui mettront le Communisme en pratique, qui réaliseront les idées. Et alors il n'y aura plus d'idées mais de la boue et du sang. Les hommes d'action qui les appliqueront seront tous des hommes sans idées, des sauvages cruels. Ils porteront les drapeaux de Marx, d'Engels et des théoriciens pour commettre des massacres, des exterminations, pour créer des camps de concentrartion, des républiques pénitencières, des Etats cages... Ils transformeront en actes bestiaux, en caricatures, en vengeance et en actes sanglants toutes les idées...
- Dommage pour les étiquettes... car les étiquettes sont jolies... "Cela fait rêver le poète du Christ et de la Roumanie..." Les jolies étiquettes.
Etrange paradoxe d'une certaine spiritualité orthodoxe ! Qui monte au ciel droit comme un aigle en contemplant la "lumière incrée" que symbolise l'or des icônes, et tombe mat à côté de toute solution logique, dans l'organisation des cités des temps et des jours.
Il y a une tendre, une exquise page, où Gheorghiu nous confie son désir de tranformer sa souffrance de chaque jour en perle, comme l'huitre.
Il y a un galop de cheval sauvage à travers de multiples pages pour piétiner le "mal américain", la permissive society où le libéralisme engendre comme un fumier les champignons vénéneux de la drogue, "l'amour libre", les hippies, la nudité - et l'auteur ne trouve dans sa colère que le mot de "bêtes" pour les stigmatiser davantage. On va, on vient à travers ce livre qui s'emballe soudain sur un nouveau sujet, au gré d'un rêve médité, que l'auteur ajoute à du vrai ; telles les inovations authentiques du Printemps Roumain. ( suite ... )
Inoubliables figures !
3/5 Plaisir de Lire .
.----. Gheorghiu, "le poète du Christ et de la Roumanie" nous peint ici d'inoubliables figures : Hanna Tauler, grasse, énorme, puante, sale qui ne se peigne jamais, aime la "Colougnia", marine au whisky, tue par plaisir, est marxiste par haine et descend la Roumanie en enfer en devenant son impératrice rouge .. - Leopold Skripka, le diplomate cultivé, soigné, esthète, bon cœur et qui perd sa vie à la sauver. - Les petites coureuses, filles des "Grands camarades" du Parti, qui couchent partout, y compris avec l'amant de leur mère et qui lui fendent le crâne en deux coups de hache ... quand l'occasion se présente.
Le petit personnage furtif de Maître Moïse Silberman, "fripé comme un chiffon, qui "écrit dans des journaux qui ne paraissent pas, n'a jamais pu plaider une cause, promène son linge de corps et ses sandwichs dans une éternelle valise" et qui fond de peur, d'humilité, de servitude, de bassesse et d'inexistence .
Max Hublot, le petit Français bien élevé, à qui il n'est jamais rien arrivé, sauf le jour où il a épousé sa femme, la propre fille de Skripka, pre mier ministre de la République Populaire Roumaine - sans le savoir - et Elle... "L'espionne", Helena Skripka, autour de qui tourne toute l'histoire. ( suite ... ).