I wish I was in Dixie
4/5 Présent .
.----. Voilà une très bonne idée, alors que l’on commémore le 150e anniversaire de la guerre
de Sécession, que de rééditer L’Espionne du Sud d’Albert Bonneau initialement parue en
1956. D’abord parce que c’est un formidable roman qui a pour cadre le siège de
Vicksburg, forteresse sudiste encerclée par les Nordistes du général Sherman.
Ensuite parce que cela remet à l’honneur un grand romancier populaire aujourd’hui
oublié, Albert Bonneau (disparu en 1967). Un auteur prolifique à qui l’on doit une
œuvre immense dispensée au fil de nombreuses collections : « Grandes aventures et
voyages excentriques », « Aventures du Far-West », « Romans de cape et d’épée »,
« Romans héroïques », « Voyages et aventures », « Les Aventures de Catamount », « Les
nouvelles Aventures de Catamount », principalement chez Tallandier et Ferenszi, mais
aussi à la Bonne Presse, chez Rouff, à la Renaissance du Livre, etc.
Ce récit palpitant, qui a cet avantage de ne pas sombrer dans le manichéisme habituel
qui fait des Nordistes des « gentils » et des Sudistes des « méchants », à celui aussi de
rendre hommage aux femmes des deux camps qui furent de grands acteurs de ce
tragique conflit (plus de 600 000 morts).
Les hommes partis au combat, ces femmes assurèrent la vie de leur famille et
défendirent leurs terres, leurs champs, leurs maisons. Mais nombre d’entre elles,
plusieurs centaines des deux camps, prirent directement part aux combats. Comme
cantinières ou infirmières, certes, mais aussi en s’habillant en homme pour remplacer un
père, un mari, un frère, un fils tombé au combat. C’est ainsi, par exemple, qu’après la
charge héroïque de Pickett à Gettyburg, on retrouvera le corps d’une femme en
uniforme sudiste. Elle n’a jamais été identifiée. Mais on pense que c’était l’épouse d’un
combattant qui avait revêtu l’uniforme pour être à ses côtés.
On pense aussi à Belle Boyd qui, âgée de 17 ans quand éclata la guerre, employa ses
talents à espionner, pour le compte des Confédérés, les officiers nordistes dans les villes
qu’ils occupaient. Pendant la Valley Campaign, elle réussira ainsi à avertir les hommes de
Stonewall Jackson qu’ils devaient forcer le pas pour protéger des ponts que les Yankees
se préparaient à détruire. Capturée et emprisonnée à deux reprises, elle sera à chaque
fois libérée. Arrêtée une fois encore alors qu’elle voguait vers l’Angleterre, porteuse
d’une lettre du président Jefferson Davis, elle sera de nouveau libérée. Jusqu’à sa mort,
elle donnera de passionnantes conférences sur sa vie d’espionne.
Il y aurait un Who’s who des femmes pendant la guerre entre les Etats à écrire. Il le sera un jour.
En attendant, l’héroïne d’Albert Bonneau, l’audacieuse Bianca, nous entraîne dans une
aventure haute en couleur(s). [ Signé : Alain Sanders dans " Présent ", n° 7430 du 10 septembre 2011 ]