C'est la Révolution qui, héritant du Bas-Poitou, crée la Vendée. En 1793 cependant, les promesses de 89 se transforment en terrorisme d'État, suscitant ici une formidable insurrection populaire. Balayant les limites administratives, les Vendéens renouent alors avec une mystérieuse géographie du coeur, qui d'emblée leur annexe tout le Bocage au sud de la Loire. Sans le savoir, ils reconstituent ainsi le territoire de leurs lointains ancêtres Ambilâtres, ceux qui, rappellera plus tard Georges Clemenceau, "n'ont pas capitulé devant César".
Plutôt qu'une région, la Vendée constitue le laboratoire de nos plus intimes contradictions, et c'est cette histoire passionnée que nous conte Alain Gérard. Aliénor, dont le coeur balance entre France et Angleterre. Rabelais, qui élit domicile en ce lieu de toutes les audaces de la Renaissance. Agrippa d'Aubigné, champion d'un protestantisme auquel adhère la moitié de la noblesse. Richelieu, qui apprend ici l'art de gouverner. Puis c'est, avec la Guerre de Vendée, l'irruption du peuple sur le théâtre de l'histoire et le massacre que l'on sait. S'ensuit une intense rechristianisation que vient interrompre le basculement dans la modernité, lorsque les Vendéens imaginent leurs usines à la campagne.
Chercheur à l'Université de Paris-IV Sorbonne et directeur du Centre vendéen de recherches historiques, Alain Gérard a publié de nombreux ouvrages, dont le dernier a été couronné par trois grands prix. Pendant vingt ans, il a également enseigné l'histoire aux jeunes du collège public de Sainte-Hermine. Et c'est à ce double titre qu'il nous offre cette vaste synthèse, sûre et accessible, qui nous manquait.