Sur les traces de sa famille
5/5 Le Télégramme
.----. Dans « Les trois cousines en Indochine », Dominique Féger raconte son histoire. Pour cette autobiographie, elle a suivi les traces de sa famille jusqu’au Tonkin.
Dominique Féger, originaire de la région de Guingamp (Côtes-d’Armor) a dédicacé son premier ouvrage autobiographique - « Les trois cousines en Indochine » - à la librairie Le Gâteau Livre toute la journée du samedi 15 août. Elle a pu rencontrer des lecteurs très curieux de son histoire familiale.
Une histoire qui commence bien avant ses 10 ans, à l’époque où elle demande à sa mère de lui raconter l’Indochine et sa famille. « Je disais : Dis, maman, peut-être que ta mère et ta sœur ne sont pas mortes ?…. Maman, agacée, me faisait toujours les mêmes réponses : Je t’ai déjà dit qu’ils sont tous morts ! Et d’abord, je n’ai pas eu de sœur ! […] », raconte ainsi Dominique Féger.
En 2010, elle n’y tient plus. Elle se rend au Tonkin retrouver la branche vietnamienne de sa famille. Au retour, après avoir vécu des moments extraordinaires, elle se lance dans l’écriture d’un récit autobiographique dans lequel se mêlent ses aventures au Vietnam, ses expériences paranormales et ses espoirs…
Ses racines, elle les a trouvées et connaît aujourd’hui l’identité de son grand-père qu’elle ne dévoilera que dans un deuxième tome.
« Mal jaune » et piété filiale
5/5 Présent .
.----. Les trois cousines en Indochine : ne vous laissez pas prendre par le titre qui peut sembler
anodin, voire simplement touristique. Il s’agit, en fait, d’une quête d’identité toute
empreinte de piété filiale. Propre à parler à tous ceux qui ont gardé l’Indochine, notre
Indochine, au cœur.
C’est donc un récit autobiographique. Dominique Féger est née en 1954 (et cette date
n’est pas anecdotique) en Bretagne. Dans une famille de neuf enfants, huit garçons et
une mouflette, Dominique.
Son père Yves, militaire de son état, avait été affecté en Indochine après la Seconde
Guerre mondiale. Un coup de foudre. Le « mal jaune ». Et, à Haïphong, la rencontre de
celle qui sera l’amour de sa vie (et la maman de Dominique), une jeune Eurasienne
prénommée Laï (ce qui veut dire « sang-mêlé » en vietnamien). En 1945, le sous-lieutenant
Yves Féger est de tous les combats contre l’occupant nippon. La « Colonne
Alessandri », Cao Bang, Langson, la sanglante Route coloniale la frontière sinoindochinoise…
Plus tard, le – désormais – lieutenant Féger est blessé. Il remonte en
ligne. Puis reçoit l’ordre de rentrer en métropole : il a déjà beaucoup donné.
Toute petite, Dominique, à la différence de ses frères apparemment indifférents à leurs
origines maternelles, n’aura de cesse de questionner sa mère :
— Dis, maman, raconte-moi l’Indochine ! Dis, maman, peut-être que tu as de la famille
là-bas ! Dis, maman, peut-être que ta mère et ta sœur ne sont pas mortes !
Un jour, sa mère, qui a enfoui à jamais ce passé difficile, finit par céder. Elle confie à
Dominique la photo miraculeusement conservée de sa mère, la grand-mère de
Dominique, Liem. A partir de ce seul et maigre indice, Dominique, aidée de deux de ses
cousines, Jeanine et Nathalie, part à la recherche de ses racines.
Des années de recherches, de questionnements, de maniements d’archives civiles et
militaires, de pistes avortées et d’autres abouties. En 2010, elle se sent prête : elle part
pour le Tonkin pour retrouver la branche vietnamienne de sa famille. Pas facile dans un
pays communiste où chaque déplacement relève du parcours du combattant. Avec le
souvenir de ce que lui a confié sa maman après des années de silence : « Je gardais le
buffle dans la montagne, je plantais le riz dans les rizières. »
Le récit de cette quête est extraordinaire. Avec la découverte d’un pays, des cousins
retrouvés près de la baie d’Halong, des bâtiments de l’époque coloniale, des tombes
oubliées. Direction Langson. Puis Cao Bang. La maison de la mère de sa mère, grand-mère
Liem, morte en 1964 apprendra-t-elle. Et la tombe de Liem dans le petit village de
Vin Tuong. Elle en est bouleversée.
Dominique ne rentrera pas intacte (et ce n’est rien de le dire) de ce retour aux sources.
Elle le raconte avec infiniment de pudeur. Mais qu’on ne s’y trompe pas. On le
comprend à la toute fin : d’autres récits suivront ce premier recueil. L’histoire n’est pas
terminée. Domy, Domy, Dominique, qu’allais-tu faire à Hanoï pour nous prendre ainsi
l’âme et l’esprit… [ Alain Sanders dans Présent, n° 8917 du samedi 5 août 2017 ]