Rencontre avec Dieu !
5/5 Présent .
.----. Il faut bien dire que nous n’attendions pas Armelle Barguillet Hauteloire, spécialiste de
Proust (1), sur un tel sujet : l’histoire d’un missionnaire dans le Kenya des Massaïs. Le
sous-titre des Signes pourpres est : « Récit africain ». Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Un
roman qui, loin des sentiers battus de la grosse cavalerie littéraire française de la rentrée,
révèle la part la plus secrète de notre nature. Nos motivations spirituelles et la lumière
portée sur le tracé visible de nos vies.
Lors d’un séjour – une sorte de perm – en Normandie, Aubin, l’oncle africain, raconte à
ses neveux comment, alors qu’il n’était qu’un jeune médecin dans le sud de l’Algérie
française, il a rencontré Dieu. Inutile de dire que les neveux sont pendus aux lèvres de
cet « aventurier » qui a rapporté dans ses bagages des souvenirs exotiques et des photos
de ce Kenya, terre initiatrice qui remet l’homme dans la perspective de ses origines.
Le Kenya – et comment ne pas penser à Karen Blixen et à sa Ferme africaine – est un pays
singulier où coïncident « les neiges éternelles et les essences tropicales, la savane
épineuse et les marais de la mangrove, les lacs les plus larges et les fleuves les plus longs,
les déserts les plus vastes et la faille de l’écorce terrestre la plus spectaculaire ».
Après l’Algérie et la découverte de l’œuvre de Mgr Lavigerie (Aubin sera ordonné prêtre
à Carthage), le jeune missionnaire sera envoyé un temps au Soudan, pour y soigner les
lépreux, puis au Kenya auprès des tribus Kikuyus et Massaïs avec, pour commencer, la
découverte de Nairobi dont le nom, en langue maâ, signifie « le commencement de
toute chose, la source de toute fraîcheur ». Ce n’est pas une mission facile. D’abord
parce que le Kenya vient d’accéder, après les horreurs des Mau-Mau, à l’indépendance.
Ensuite parce que les Massaïs, s’ils ont eu cette chance de passer à travers les mailles de
l’islam, ne sont pas des « clients » faciles et que leur animisme est profondément ancré
dans leurs croyances. Dans sa mission, Aubin est assisté de deux sœurs infirmières, d’un
frère enseignant et de deux jeunes prêtres.
Il va se lier d’amitié avec Moye, un jeune murran, à savoir un adolescent qui, au terme
d’une longue et parfois cruelle initiation, deviendra un guerrier, en même temps qu’il
fera la connaissance de Yankihi, une jeune Kikuyu. Les Massaïs sont d’origine nilotique,
les Kikuyus d’origine bantou. Et il n’y a guère, c’est le moins que l’on puisse dire,
d’atomes crochus entre les deux ethnies. Yankihi va pourtant épouser – Roméo et
Juliette au Kenya – un autre jeune Massaï, Noro... Mais nous vous laissons découvrir les
secrets de ce roman africain qui vient nous dire, au moment où nous désespérions un
peu, que l’Afrique peut toujours inspirer de grands livres. [ Signé : A.S. dans " Présent ", n° 6922 du jeudi 10 septembre 2009 ]
(1) On lui doit : Proust ou la recherche de la rédemption et Proust et le miroir des eaux.
Une constante spiritualité...
5/5 L'Algérianiste .
.----. Récit d'épisodes de la vie d'un Père Blanc, ce livre sort de l'ordinaire littéraire. Aubin,
médecin de formation, effectue son service militaire au Sahara alors français. Il y est
impressionné par l'envoûtante beauté du désert, par la personnalité des Touaregs et par
le dévouement des religieux (Pères Blancs ou Soeurs soignantes) au service des démunis.
Il est amené à prendre connaissance de l'oeuvre de Mgr Lavigerie; athée jusque-là, il
acquiert la foi et décide d'être prêtre. Après son noviciat, notamment à Carthage, il est
envoyé au Soudan, puis au Kenya. L'essentiel du livre porte sur ses rapports avec un
Masaï de haute lignée qu'il a sauvé d'une péritonite. Ce jeune homme lui fait connaître
son pays et ses hommes, la nature et ses animaux. Nous avons là des anecdotes, sur les
humains et sur les bêtes, très significatives. Au spectacle de cette vie, il est conforté dans
ses convictions.
Livre original, empreint d'une constante spiritualité qui fait défaut la
plupart du temps aux écrits d'aujourd'hui. [ Signé : Yves Naz dans " L’Algérianiste ", n° 128, décembre 2009 ]