Le 26 juillet 1956, dans un monde crispé par la guerre froide, Nasser annonce dans un éclat de rire la nationalisation du canal de Suez. Une partie d'échecs s'engage alors à l'échelle de la planète. La France de Guy Mollet et la Grande-Bretagne d'Anthony Eden, concernées au premier chef, veulent répliquer par une intervention militaire pour faire respecter le droit international, sauvegarder leurs intérêts, protéger l'Etat d'Israël directement menacé par le monde arabe et, peut-être, renverser Nasser, fidèle soutien des indépendantistes algériens.
Mais Londres, Paris et Tel-Aviv sont bien isolés. L'Union soviétique approuve le Raïs et les Américains verraient volontiers la mise hors jeu de concurrents dans un Proche-Orient bien pourvu en pétrole.
En application d'un protocole secret signé à Paris le 24 octobre, l'armée israélienne attaque l'Egypte le 29 et remporte des succès foudroyants. Le 5 novembre, Français et Anglais débarquent à Port-Saïd. Américains et Russes s'unissent alors pour faire céder les deux puissances occidentales, qui doivent s'incliner la rage au coeur.
Denis Lefebvre, grâce à des documents jamais publiés jusqu'à présent, éclaire d'un jour nouveau cette incroyable aventure palitico-militaire, dont les conséquences demeurent immenses.
Denis Lefebvre, secrétaire général de l'Office universitaire de recherche socialiste, est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages historiques, parmi lesquels Guy Mollet, le mal-aimé (Plon, 1992) et, avec Alain Bergounioux, Le Socialisme pour les nuls (First, 2008).