A la suite d'une Table Ronde .
4/5 Plaisir de Lire .
.----. Racontons en trois mots l'histoire . Un homme de science français résidant en Yougoslavie refuse de faire évader un homme politique car dit-il "cela est illégal".
Le lendemain il apprend le détail de la mort atroce, sa voiture frôle en rentrant les pieds d'un pendu... C'est lui !
Bouleversé il aide tous ceux qu'il peut à fuir ce pays totalitaire .
Un jour l'ambassadeur de France le fait venir et là se déroule une étrange discussion où l'ambassadeur démontre à l'autre que sa charité est celle d'un boy-scout tandis que la sienne, politique, est plus efficace . L'auteur se charge ensuite de mettre l'homme de science dans une position inextricable qui le conduit à la torture et à la mort, pour actes illégaux .
Nos jeunes amis avaient trouvé toutes sortes d'idées vraies et fausses dans cette histoire complexe et passionnante .
Aucun n'avait vu l'ambigüité entre "LEGALITE et LEGITIMITE".
Il était "illégal" de porter secours aux hommes dans ce pays communiste et pourtant "légitime", pas seulement aux yeux de Dieu, de le faire mais au regard des hommes .
Là-dessus nous leur avons expliqué la différence et nous avons cherché ensemble des exemples d'actes légitimes aux yeux d'un état totalitaire et illégitimes aux yeux de Dieu .
Une belle après-midi, pleine de surprises et de découvertes qui charma tout le monde . [ Signé Marie Gramond , " Plaisir de Lire " , numéro 37 , Noël 1976 ]
Passionnant mais deux réserves !
4/5 Plaisir de Lire .
.----. Nous ferons cependant deux réserves et qui concernent ce que l'auteur nous dit d'une part du péché "L'homme de science porte son péché jusqu'à sa mort", contrairement à l'homme mystique qui peut s'en libérer . Cette formule est ambiguë . En effet, quelle que soit la qualité du pêcheur, son repentir lui donne droit au pardon de Dieu . BR>
L'autre réserve concerne la légalité . L'auteur ne sait pas la situer par rapport à la légitimité . Tout au long du livre, Gheorghiu "oppose" deux charités complémentaires : la charité individuelle et la charité politique . Ainsi, les dialogues entre le citoyen Joseph Martin et son ambassadeur, finement dénommé Ponce Pilate, tendent à montrer qu'une charité en exclut une autre . Chacun devrait faire son devoir à sa place sociale, voilà ce qu'aurait dû dire l'auteur . Et qui n'est pas dit . Il ne montre pas assez que dans les états totalitaires, ce qui est "légal" est illégitime et ce qui est "légitime" devient illégal pour cause de vice fondamental dans l'esprit des lois .
POUR QUI CE LIVRE ? : Passionnant pour tous . Spécialement pour amateurs de Gheorghiu . Excellent livre de table ronde - 15 ans . [ " Plaisir de Lire " , numéro 31 , grandes vacances 1975 ]
Passionnant pour tous !
4/5 Plaisir de Lire .
.----. Joseph Martin est Français . Quand en 1945, après sa démobilisation, il accepte une mission anthropologique en Bulgarie, il ne se doute pas qu'il y restera bien au delà des deux ans de son contrat . C'est que le professeur Joseph Martin a épousé une jeune fille bulgare et qu'il est devenu directeur de l'Institut d'anthropologie bulgare . Bref, nous dit Gheorghiu : "il parlait la langue bulgare comme tous les bulgares, il s'habillait comme les bulgares et menait la même vie qu'eux." Cependant, il a le grand désir de revoir sa patrie et sa mère . Dix ans après son mariage, les autorités refusent toujours son visa de sortie à sa femme . Le professeur n'admet pas de partir sans elle . Enfin, en 1956, elle l'obtient et part même deux semaines avant son mari qui doit rester surveiller les derniers examens de ses étudiants à l'Institut .
Il la conduit au bateau, battant pavillon français, dans un port de la mer noire et à peine sa femme est-elle partie que ses ennuis commencent . Le professeur Joseph Martin n'ira jamais rejoindre sa femme dans sa patrie . Il ne reverra jamais sa mère...
Virgil Gheorghiu parle en connaisseur des "ennuis" du professeur ! Il sait que la police communiste s'attache à chaque pas des bulgares, surtout ceux qui ont des responsabilités et à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un étranger ! Il a choisi comme cadre à son livre la Bulgarie, cela aurait pu aussi bien être la Roumanie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, etc. Or depuis longtemps déjà Joseph Martin tente de sauver les malheureux traqués par cette police . Comment en est-il venu là ? Parce qu'à son arrivée en Bulgarie le hasard a fait qu'il aurait pu sauver une personnalité traquée et qu'il a refusé sous prétexte de légalité... Sa faute le poursuit et il s'est juré de se racheter "Lorsqu'un homme se noie, la seule loi valable est de lui jeter une ceinture de sauvetage . Voilà ce qui est légal" (nous dirions plutôt légitime).
Ce petit livre très dense et d'une lecture facile est un exemple parmi beaucoup de la persécution qui sévit derrière le rideau de fer et dont l'occident se satisfait sans remords . ( suite ... )