En 383, Maxime, chef de l'armée romaine de Grande-Bretagne, débarque en Armorique. Son but : vaincre Gratien, l'empereur régnant. Il a à ses côtés un chef breton, Conan Meriadec, dont l'aide est déterminante. Pour le récompenser de ses services, Maxime l'intronise roi d'Armorique. Conan serait donc le père de la dynastie qui va régner six siècles sur la province, ce que rapportent de nombreuses chroniques médiévales et modernes.
S'appuyant sur des sources incontestées, Philippe Tourault réfute cette version de l'histoire. A la base de la légende, un chroniqueur du XIle siècle, Geoffroy de Monmouth, le premier à parler de Conan et de sa dynastie. Son œuvre est reprise, commentée, enjolivée par ses successeurs. Des motifs politiques et idéologiques expliquent un tel travestissement : les Bretons, en lutte permanente contre les rois de France, ont toujours eu besoin de s'assurer une position avantageuse. En réalité, la Bretagne ne s'est constituée en royaume que vers 840, sous l'impulsion de Nominoé, et a connu trois rois : son fils Erispoé (851-857), Salomon (857-874), Alain le Grand (v. 890-907), dont la vie et l'œuvre - souvent marquées d'affrontements inexpiables avec le royaume de France - forment la trame de cet ouvrage. Où l'on découvre que la remise en cause des mythes est aussi passionnante que le rétablissement de la vérité historique.
Philippe Tourault est professeur d'histoire à l'université d'Angers (UCO), conservateur en chef honoraire du Patrimoine, et chroniqueur. Il a notamment publié chez Perrin : Anne de Bretagne (1990, 1996, 2004), La Résistance bretonne du XVe siècle à nos jours (2002).