"En ces temps-là, on priait le matin, le soir, avec ou sans l'Angélus, on priait avant et après les repas, on priait pour ses morts, pour son bétail, ses récoltes, on allait prier à la messe, en pèlerinage. Dieu était vraiment au centre de la vie. Sans lui, on ne pouvait vivre... Quand on a voulu le supprimer, ce fut la révolte.
Pendant la Révolution française, des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants ont donné leur vie pour ne pas faillir au devoir. Les révolutionnaires défendaient d'aller à la messe sous peine de mort. Les fidèles y assistaient quand même, la nuit, dans les bois. Le jour, ils cachaient les prêtres dans leurs maisons, dans leurs greniers, dans leurs granges. Souvent on découvrait les prêtres et son courageux défenseur ; on les fusillait ensemble, et ils tombaient joyeusement, heureux de mourir pour le Bon Dieu."
Curieusement, l'histoire des prêtres réfractaires pendant la Révolution Française n'a jamais vraiment enthousiasmé les générations d'historiens de ces quarante dernières années. À ma connaissance, aucun ouvrage à ce jour ne traite réellement le sujet en profondeur sur plus d'une décennie, de 1789 à 1801. Il est également intéressant de constater que l'enseignement officiel s'emploie toujours à minimiser le formidable périple de ces hommes d'Église et ce n'est sans doute pas la célébration du bicentenaire de la Révolution qui aurait pu inverser la tendance.
Docteur en histoire, Thierry Trimoreau est auteur d'une thèse publiée sous la direction de M. Jean-Marie Constant, professeur à l'Université du Maine. Ce travail met en lumière ces prêtres qui, à la fin du XVIIIe siècle, ont refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé de 1790. Thierry Trimoreau, premier historien à s'aventurer sur le sujet, bouscule là quelques idées reçues et offre aujourd'hui la synthèse de son travail.