"Je faisais un jour, sur les bords de la mer, une de mes promenades. J'étais dans l'île Madame. A peine arrivé sur cette terre, je vis à genoux un homme de la campagne. Il priait. Quant il eut fini, je le questionnais sur l'objet de sa prière. Vous ne savez donc pas que c'est ici que sont enterrés les saints ? Ces saints étaient les prêtres et les religieux déportés dans la rade de l'île d'Aix, pendant les mauvais jours de la Révolution française, morts pour rendre témoignage de leur foi".
Cette prise de conscience convainc l'auteur d'une double tâche à accomplir : l'érection d'un monument commémoratif sur l'île Madame et la publication d'un ouvrage à la mémoire des déportés.
"Le cadre de mon plan s'est élargi. Aux déportés de la Terreur, j'ai joint ceux du Directoire. Et aux documents anciens, j'en ai ajouté de nouveaux, originaux et authentiques. Parmi ces documents, certains émanent des déportés eux-mêmes, qui écrivaient au jour le jour, ou s'attardèrent au déclin de leur vie pour raconter les souffrances de leurs confrères, morts à leurs côtés dans la déportation. Mais j'ai également fouillé les dépôts des archives, les greffes des tribunaux et consulté les souvenirs des contemporains.
Il ressort de ces documents que tous, prêtres et religieux, ont été déportés pour leur foi et en haine de leur foi. Tous, au nombre de quatre mille, avaient refusé de fuir." Abbé Manseau
Le premier volume, intitulé sous la Terreur, couvre une large période, de 1789 à 1795. Témoin d'une époque de luttes anticléricales, l'auteur ouvre son étude par un chapitre, au style véhément, sur le rôle des sociétés secrètes dans le déclenchement de la Révolution et des persécutions contre l'Eglise.
Puis il livre ses recherches sur la proscription, les arrestations, les massacres, les déportations vers les pontons de Rochefort, les prisons flottantes, et les autres lieux de détention, l'île d'Aix, l'île Madame, Saintes, les négriers de Bordeaux. L'ouvrage s'achève par la fin de la Terreur, à l'été 1794, et par le retour des prêtres survivants.
Les déportations vers les îles charentaises reprennent dans le second tome, à la fin de l'année 1795 sous le Directoire. Les persécutions s'étendent cette fois aussi à la Belgique annexée. Les conditions de détention empirent et bientôt les prisonniers sont déportés en Guyane vers une mort certaine.
Ces tragiques années prennent fin avec le coup d'Etat du 18 Brumaire et le Concordat.
La dernière moitié de l'ouvrage, 276 pages, recense les 4000 victimes de ses persécutions, leurs noms, âges, lieux de naissance, domiciles et diocèses, et observations sur leur détention, pour chaque geôle : Saint-Martin-en-Ré, Rochefort, l'ïle d'Oléron, rade de l'île d'Aix, Bordeaux et Blaye.
Elle traduit mieux que tout l'aspect tragique de ce drame humain.