Treize nonces apostoliques ont représenté auprès de Louis XIV les sept papes qui se sont succédé sous son règne. Le R.P. Blet met à mal une tradition historiographique selon laquelle le nonce, n'étant que l'ambassadeur d'un prince étranger, n'exerçait pas un rôle religieux extra-diplomatique. Or, on le voit bien, ce n'était la doctrine et la pratique ni du pape, ni du roi, ni du clergé de France. Le tableau de la vie quotidienne des nonces nous les montre certes dans leur mission diplomatique normale : informer le roi des réactions et des sentiments du pape dans les grandes affaires, renseigner le Saint Siège sur le roi, la cour, la ville et l'Eglise de France. Mais, délégué apostolique, il est en relations constantes avec les évêques, les religieux et les sujets du roi, fils de l'Eglise et donc du pape (en dépit de la légende tenace d'un acte royal interdisant aux prélats français toute relation avec le nonce). Nul diplomate ne donne à son gouvernement autant d'informations que les nonces. Leur position dans la hiérarchie diplomatique, ecclésiastique et sociale est telle que les rapports avec les uns et les autres sont réglés par un cérémonial protocolaire d'une méticulosité pittoresque. Dans leur manière de faire leur cour, les nonces montraient une dextérité qui, en période de crise, a permis de rétablir des relations harmonieuses. "Vous êtes venu par ce mauvais temps !" dit Louis XIV au nonce Cararellini, arrivé sous la pluie de Paris à Versailles pour se trouver au lever du roi. "C'est toujours un beau temps qui me conduit à m'approcher de Votre Majesté." Le roi appréciait.
Après son doctorat ès lettres en Sorbonne (1958), Pierre Blet, entré en 1937 dans la Compagnie de Jésus, a été appelé à Rome comme professeur d'histoire moderne à la faculté d'histoire ecclésiastique de l'Université pontificale grégorienne. Il a enseigné pendant dix-sept ans l'histoire diplomatique à la Pontifica Accademia ecclesiastica. Spécialiste de l'histoire des relations entre l'Eglise et l'Etat au XVIIe siècle, il apporte aussi une importante contribution aux études sur la diplomatie du Saint-Siège, à quoi s'ajoute sa collaboration aux Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, d'où son ouvrage à succès chez Perrin : Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d'après les archives du Vatican.