"Rassembler dans la défense de la nation : les hommes, les choses et les esprits", telle est la finalité des nations armées. Telles sont, à l'origine des temps modernes, la levées en masse de 1793, les milices suisses, la tradition militariste prussienne et les guerres civiles américaines. Plus près de nous, les défenses totales de 1914 à 1945, les milices révolutionnaires, la people's war et la guerre industrielle, constituent autant de modèle spécifiques, conforme au génie de chaque peuple.
Partant de l'analyse des modèle historiques, et des théoriciens qui de Machiavel à Mao Tse-tung les ont conceptualisés, la comparaison des systèmes met en lumière leurs éléments de synthèse : le facteur de masse, la direction globalisante, l'adhésion des citoyens, la destruction de l'ennemi, l'exploitation des techniques. Ces éléments se combinent différement selon l'évolution de la démographie, des institutions, des idéologie et des stratégies, déterminant ainsi, jusqu'en 1945, une typologie des systèmes.
Ces bases sont remises en cause par le fait nucléaire et technologique, qui privilégie la qualité des armements au détriment des effectifs et de la motivation. Les nations armées sont désormais celles qui possèdent une capacité de dissuasion et d'action à tous les niveaux : des armes intercontinentales aux pressions politiques et sociales. Le contournement de la dissuasion par la guerre de mouvement : classique, diplomatique et médiatique, ne peut être contrée que si les nations européennes rassemblent leurs forces en réalisant la complémentarité.
Au cours d'une carrière militaire partagée entre la Légion étrangère, les blindés, les parachutistes et l'état-major, Maurice Faivre a occupé des postes de responsabilité dans le domaine du renseignement militaire, dont il est devenu un expert reconnu. Sa connaissance des armées alliées et soviétiques en Allemagne l'a insité à poursuivre des études comparatives de systèmes de défense. En outre il a pris une part active aux réflexions sur les méthodes de commandement. Docteur en science politique, membre du Comité d'études de Défense Nationale, il écrit régulièrement dans les revues : Stratégique, Défense nationale, le Casoar et IRIS.