Après la période de l'espoir vient celle de l'épreuve. La famine menace la campagne et ses habitants. John Fielding affrète un navire et, au mépris des vents contraires et d'une violente tempête, tente de débarquer une cargaison de vivres sur le sol irlandais. Pendant son absence, le cottage de la famille Fitzgerald brûle et la belle Kathleen disparaît. Lancé à sa recherche, John verra son destin vaciller lorsque, mêlé malgré lui à la révolte des "Invincibles", il assiste à la tentative de prise de l'hôtel de ville de Galway par les insurgés.
Pris dans la tourmente des charges de cavaleries, sous le feu d'un régiment de fantassins anglais, saura-t-il éviter le sort de ses compagnons ? Entre mort brutale et déportation, la plupart d'entre eux connaît une fin tragique ; en effet, ceux qui n'ont pas versé leur sang dans les rues de la ville sont embarqués, après un procès expéditif, sur un bateau-prison à destination de l'Australie. Et si, d'aventure, l'un ou l'autre tente une évasion, c'est pour connaître le sort des naufragés volontaires, abandonnés au hasard des flots.
Le succès dédaigne l'adversité : à côté des douleurs, la vie mondaine suit son cours comme si de rien n'était, allant de fêtes en mariages fastueux au moyen desquels les familles en vue renforcent réciproquement leur puissance, parfois au mépris des aspirations individuelles et en sacrifiant de manière cynique, tel ou tel de leurs proches. Pourtant, la peine et le malheur finissent par les atteindre au moment où ils y pensent le moins et, sans prendre garde à leur état privilégié, leur infligent de cruelles expiations.
Dans ces bouleversements étranges, les caractères se révèlent et ceux qu'on ne voyait que faibles ou vains prennent, au fil des événements, une dimension inattendue et acquièrent une réelle valeur. Et puis, du fond de cette sinistre tour de Dungaire où gît un blessé sanglant, une étincelle jaillit, de celles qui peuvent allumer - qui sait ?- une brindille de bonheur.
Né près de Besançon, vieille ville espagnole, ce siècle ayant cinquante et un ans, il éprouve très jeune un goût littéraire contrarié, comme bien d'autres, par les obligations de la vie et les nécessités alimentaires, dévoreuses de vocations. Le prosaïque l'emportant donc provisoirement, il écarte les Lettres au profit du Droit, hante plusieurs administrations et fréquente les cercles du pouvoir local.
L'histoire ayant pourtant sa morale, comme la fable, il finit par retourner à l'écriture et s'y consacrer définitivement : les Lettres ont toujours gain de cause. Epris de l'époque baroque au point de passer ses journées avec Rameau, Haendel ou Couperin, l'auteur s'est efforcé d'écrire cet ouvrage comme on composait autrefois. Plutôt que composer, d'ailleurs, il faudrait dire penser ou ressentir : car c'est en se laissant prendre par les impressions que l'histoire lui inspirait en les restituant dans toute leur variété, tantôt émue, parfois enrubannée, exubérante ou bouffonne, mais toujours libre, qu'il s'est efforcé de reproduire l'idéal qu'il est allé chercher au fond des siècles comme le meilleur de l'esprit humain.