Venus de Scandinavie au début de notre ère, les Goths sont une aristocratie guerrière conduite par le roi de la famille des Balthes (c'est-à-dire audacieux). Ils ont traversé les régions les plus variées, côtoyé bien des peuples, Celtes, Slaves, Scythes ou Grecs, auxquels ils ont fait de nombreux emprunts. Leur longue et fructueuse migration scella leur légende, de Constantinople (dont l'empereur fut vaincu en 378 à Andrinople), à Rome où ils pénétrèrent en 410. Leur valeur guerrière, confirmée dans leurs guerres espagnoles, incita l'Assemblée des Gaules du Sud à les appeler pour assurer la défense du Sud-Ouest en 418. "Provinciaux" de Gaule et Goths vécurent désormais au sein d'un royaume qui, de Saintes à Bordeaux, Eauze et Toulouse, s'appuyait sur ses forteresses, ses lois, ses coutumes. Une civilisation propre aux Gaules s' étendit bientôt des Pyrénées à la Loire et au Rhône, puis à la Provence. En Espagne, au même moment, les Goths prenaient la place laissée libre par les Romains défaillants. De Tours aux Colonnes d'Hercule, le plus grand royaume d'Occident rassemblait à la cour du roi Euric (466-484), des ambassadeurs venus de partout pour solliciter l'aide des Goths. L'aventure d'un peuple défini par sa religion homéenne, sa langue, son écriture, ses exploits et ses revers, et vivant parmi les habitants du Sud-Ouest nicéens et romanisés, est unique en cette période. Les Goths ont marqué l'histoire du Sud-Ouest et laissé à la France un héritage important. Par bien des côtés (la vassalité guerrière), ils sont l'aube médiévale de la France.
Renée Mussot-Goulard est historienne médiéviste, spécialiste du Haut Moyen Âge et archéologue. Elle a, pour ses étudiants de la Sorbonne, réuni en ce livre une partie des résultats de son enquête gothique, qui prend place dans une recherche largement ouverte aux premiers temps médiévaux, particulièrement en France du Sud-Ouest.