Lorsqu'à la veille d'une révolution tristement mémorable, qui dure encore, une assemblée proclama la Déclaration des Droits de l'Homme, qu'elle allait bientôt et si odieusement fouler aux pieds, il y avait déjà de longs siècles que la France jouissait de l'exercice de ces droits et que le nom de citoyen était une réalité. Au dix-huitième siècle, pour mieux préparer les masses à la révolte contre l'Église et la royauté, auxquelles elles devaient ces précieuses libertés, et créer ainsi la plus absolue centralisation, ennemie jurée de tous les droits civils, les philosophes ou plutôt les sophistes s'acharnèrent, par tous les moyens dont peut se servir le mensonge, à nier jusqu'à l'existence de ces bienfaits, qui - disaient-ils - allaient être, pour la première fois, la récompense de la révolte contre Dieu et la conquête du déisme sur la foi. Or, comme le propre du mensonge est l'absence de la logique, c'est-à-dire du sens commun, - à l'opposé de nos pères et de nos ancêtres, qui ne demandaient que des libertés, les novateurs et leurs prosélytes réclamèrent hautement et absolument la liberté sans limites, c'est-à-dire la licence et le despotisme, qui en sont la suite et le châtiment nécessaires. Comment nos pères étaient-ils parvenus, patiemment, sans secousse et d'une façon efficace, à l'acquisition de leurs libertés civiles, par quels moyens et dans quelle mesure ? Voilà ce qu'ici même nous voulons rechercher, en étudiant cette question si intéressante, à la double clarté de l'histoire et des faits, ainsi que des aveux des hommes de notre temps les moins suspects de partialité, et par conséquent d'enthousiasme irréfléchi à l'égard du passé de la France et de ses institutions, et par conséquent des services rendus à l'une et aux autres par la religion et le clergé.