Ses deux "conseillères" sans Jeanne d'Arc ?
5/5 Les amis de Jeanne d'Arc .
.----. Un de mes amis est amené à visiter beaucoup d'églises, surtout en Normandie, à l'occasion de leur entretien. Dans deux paroisses, éloignées l'une de l'autre, il avait remarqué les statues de Sainte Catherine d'Alexandrie et de Sainte Marguerite d'Antioche sur un autel encadrant un retable dans un cas et dans l'autre une piéta. S'étonnant de la juxtaposition de ces deux saintes, sans que soit évoquée la moindre relation avec Jeanne d'Arc, il m'en demandait la raison. Pour combler le gouffre béant devant lequel il me laissait - mais c'était à Orléans - je suis allé chercher la réponse au Centre Jeanne d'Arc. Après le rappel de la vie de chaque sainte, rédigé par Michel DUTOUR pour sa plaquette d'introduction au pèlerinage à Domremy en 1997, un chapitre de l'article de Georges Peyronnet éclairera le lecteur sur le rapprochement, dès avant Jeanne d'Arc, de ces deux vierges et martyres. J. de La Ville Baugé.
SAINTE CATHERINE D'ALEXANDRIE Catherine naquit à Alexandrie. Alors qu'elle était encore païenne, elle aperçut en songe la Vierge Marie lui présentant son Fils Jésus. Ravie de l'adorable beauté du Sauveur, elle décida de lui consacrer sa virginité. Baptisée peu après, elle franchit rapidement les degrés les plus élevés de la perfection chrétienne et reçut au doigt l'anneau miraculeux d'épouse du Christ. Pour reprocher à l'empereur Maximin II d'entraîner les peuples dans l'idolâtrie, elle ne craignit pas d'aborder le souverain dans le temple de Sérapis: son argumentation fut si savante, si serrée, que celui-ci fut impuissant à lui répondre. Un tribunal de cinquante philosophes, les plus érudits d'Égypte, fut rassemblé à Alexandrie ; il accueillit par des sarcasmes la vierge chrétienne traduite à la barre. Mais Catherine réfuta .victorieusement toutes les objections de ces sophistes et parvint même à les convertir au christianisme. Néanmoins, comme elle refusait de sacrifier aux idoles, elle fut condamnée à être décapitée. En faveurs extrêmes, elle pria et demanda à Jésus-Christ que son corps virginal ne soit pas touché par les bourreaux et que les persécutions des chrétiens prennent fin. Catherine subit le martyre le 25 novembre 307, mais sa prière fut exaucée : des anges l'ensevelirent eux-mêmes au sommet du mont Sinaï et les persécutions cessèrent. Ce fut en l'an 312 que Constantin leva le labarum * et remporta l'éclatant triomphe du pont de Milvius, qui marqua la fin du paganisme officiel. Michel DUTOUR. * Labarum: étendard impérial sur lequel figuraient une croix et le monogramme du Christ.
SAINTE MARGUERITE D'ANTIOCHE Marguerite, fille d'un prêtre idolâtre très réputé, naquit à Antioche. Elle fut mise en nourrice chez une vertueuse femme qui lui inspira de bonne heure l'horreur du vice et l'amour de la vertu. Très tôt elle embrassa le christianisme et elle consacra sa virginité à Jésus-Christ. Son père en conçut une si grande fureur que, après avoir tenté de la faire renoncer à sa religion, il l'éloigna d'auprès de lui. Sa nourrice la recueillit alors comme sa fille, et, Marguerite fit preuve d'une si grande humilité qu'elle lui obéissait en tout comme une simple servante. A cette époque, un proconsul nommé Olibrius se rendit à Antioche, en ayant mission de persécuter les chrétiens. C'est alors qu'elle fut arrêtée. Saisie de crainte à la pensée de sa fragilité et des tourments que les païens infligeaient aux chrétiens, elle pria le Seigneur de l'assister. Elle fit preuve d'un courage indomptable. Interrogée par Olibrius qui désirait fortement qu'elle prenne rang parmi ses concubines, elle lui répond: « je ne dépends d'aucun homme. Je confesse de cœur et de bouche que je suis servante de mon maître Jésus-Christ, que j'ai appris à révérer et à honorer dès l'âge le plus tendre, et que j'adorerai toujours ». Furieux Olibrius la fit suspendre par la tête et frapper de verges, au point que le sang coula en abondance. Comme elle persévérait dans sa foi, il la fit déchirer par des crochets de fer. Marguerite supportait tout avec patience et courage. Elle fut ensuite jetée dans un cachot, ou elle passa la nuit. Là, Satan vint la tenter et l'effrayer, mais elle le mit en fuite. Ensuite, elle fut réconfortée par une vision céleste. Le jour venu, le juge ordonna de la brûler avec des torches, ardentes. Mais le feu demeura sans effet, il semblait la rafraîchir. Le juge ordonna alors de la jeter dans une marmite d'huile bouillante, mais de là encore elle sortit indemne. Ne pouvant pas briser sa résistance, il ordonna de la décapiter. Ainsi Marguerite mourut-elle, le 16 août 276. Michel DUTOUR. Le culte de sainte Marguerite dans le nord-est de la France à l'époque de Jeanne d'Arc (1) Généralités Ce culte était très vivant dans toute la France dès la fin du XIVème siècle. Sainte Marguerite figurait parmi les saints intercesseurs, comme sainte Catherine, mais un peu en retrait. Les récits de sa vie, en cette fin du Moyen Age, la présentaient tantôt en bergère et tantôt en fille de roi. Bien qu'ayant vécu vierge, elle fut, par endroits, patronne des femmes en couches (2). Beaucoup de statues, de vitraux, d’enseignes de pèlerinages attestent la vivacité de ce culte. Une de ces statues, de petite taille mais d'un port gracieux, se trouve dans l’église de Domremy; peut-être remonte-t-elle au XVème siècle. De toute manière, il y avait dans cette église une statue de sainte Marguerite, devant laquelle Jeanne d' Arc aimait à venir prier souvent et longtemps. Au Moyen Age, le culte de Sainte Catherine était presque toujours associé, dans cet ordre de préséance, avec celui de sainte Marguerite: on les voit ainsi toutes deux dans les vitraux, les livres d'heures (3). Jeanne d' Arc les a toujours citées ensemble, dans le même ordre, et jusque sur le bûcher, plus souvent que saint Michel. Il y a d'ailleurs une analogie entre le culte médiéval de sainte Marguerite et celui de l’archange : d' après la légende datée du XIIIème siècle, Marguerite était censée avoir étranglé avec sa ceinture un dragon qui voulut la dévorer dans sa prison; beaucoup de paroisses se disputaient l'honneur de posséder cette ceinture. Et de nombreuses statues, dans les églises du village, la représentent une croix dans la main et un dragon terrassé sous ses pieds. Georges Peyronnet.
NOTES (1) extrait de: « En écoutant la « voix » de Jeanne d'Arc la plus modeste: Sainte Marguerite d'Antioche » de Georges Peyronnet. Bulletin n° 19 de l'Association des Amis du Centre Jeanne d'Arc – 1395 - page 47. (2) Acta Sanctorum, éd. Des Pères Bollandistes, .XXI.X; 2444. (3) REAU(L), Iconographie de l'art chrétien, t.3/1, p. 170. LlOCOURT(col.de), La Mission de Jeanne d'Arc, t.l, P., 1974,p. 185. [ Les amis de Jeanne d'Arc - 08/03/2018 ]