La chute de l'Empire romain, un signe pour notre temps .
5/5 Le Salon Beige .
.----. Michel De Jaeghere est interrogé dans Présent sur son ouvrage Les Derniers Jours, concernant la chute de l'Empire romain. Extrait :"L’histoire de la fin de l’Empire romain d’Occident est celle de la dislocation d’un empire multinational sous le double effet de l’immigration et des invasions, non pas parce que cet Empire aurait eu à faire face à des foules innombrables (les nouveaux venus n’ont sans doute pas été plus de deux millions, qu’il s’agisse d’immigrés ou d’envahisseurs, dans un empire qui comptait environ 50 millions d’habitants au Ve siècle), mais parce qu’il fut conduit à renoncer, dans l’urgence, au processus de romanisation qui lui avait permis, jusqu’alors, de faire vivre ensemble des peuples d’origines très diverses (il comptait des Calédoniens et des Syriens, des Ibères, des Belges et des Egyptiens !) en leur imposant le moule de la vie civique (par la constitution de cités, dotées de leur territoire, d’une capitale construite à l’imitation de Rome, d’institutions au sein desquelles leurs élites étaient appelées à renoncer à la loi du plus fort pour rechercher le bien commun par la discussion rationnelle), en diffusant ses mœurs, ses beaux-arts, son architecture parmi leurs élites, et en favorisant par un réseau d’écoles municipales l’apprentissage de la langue latine et l’étude de la littérature classique. Il eut la faiblesse de laisser les immigrant-s s’installer sur son sol en préservant leurs structures et leurs solidarités tribales, et finit même par leur confier la défense de ses frontières contre d’éventuels nouveaux arrivants. Il ne fut pas vaincu par une civilisation concurrente, par des ennemis venus sur son sol avec l’intention de le détruire, mais par des nomades dont il avait renoncé à faire la conquête (parce que celle-ci eût été trop coûteuse et trop difficile, qu’elle aurait demandé trop d’efforts sans rapporter suffisamment de butin), aimantés par le désir de jouir, par le pillage de ses productions, et admis à constituer, sur son sol, des enclaves étrangères qui se muèrent peu à peu en royaumes indépendants. .----. .********. .----. Son histoire est celle d’un empire qui avait renoncé à la colonisation pour profiter pleinement des fruits de la paix, en s’imaginant pouvoir laisser à sa périphérie, dans la misère et l’anarchie, des peuples auxquels il avait fait miroiter les fruits de la civilisation sans songer qu’ils seraient irrésistiblement conduits à franchir ses frontières pour s’emparer des biens dont on leur avait donné le désir sans leur imposer les disciplines qui avaient permis de les produire. Sa chute se traduisit par sa ruine, comme par celle des pays d’origine des immigrant-s, qui cessèrent de profiter des échanges dont ils bénéficiaient, avant son effondrement, de la part du monde romain. Il me semble qu’il y a là, pour nos contemporains, de quoi nourrir la méditation." [ message de Michel Janva du " Salon Beige " le 15 février 2015 ]
Torrentiel, magnifiquement écrit ...
5/5 Minute - Novembre 2014 .
. ---- . cette chronique est trop courte pour que nous puissions commenter comme il le mérite le dernier livre de Michel De Jaeghere sur les causes de la chute de l'Empire romain. C'est que le directeur de la rédaction du " Figaro Hors Série " ne se contente pas d'une recherche sur les causes. Il entend faire œuvre de reconstitution. Minutieusement. Cela donne un livre torrentiel de 650 pages, magnifiquement écrit, que l'on suit sans difficulté, dans lequel les évènements indiquent d'eux-mêmes la direction de la pensée. Rien d'une histoire à thèse dans cette immense fresque. L'auteur ne se laisse pas séduire par je ne sais quel système monocausal. Mais dans la dernière partie de son ouvrage, qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte, il considère que cet évènement ancien, qui fut très clairement une défaite de la civilisation, doit être médité aujourd'hui. . ****** . Pour lui, les barbares, intégrés avec leur chefferies traditionnelles, n'étaient pas solubles dans l'ordre civique romain qu'ils ont fini, démographie aidant, par subvertir de l'intérieur. Nous sommes ici à la limite entre l'histoire et la mémoire. Mais quelle histoire intéresse si elle n'est pas une construction qui parle à notre mémoire, c'est-à-dire qui évoque notre présent ? En reconstituant minutieusement les derniers jours de Rome, Michel De Jaeghere s'interroge sur l'étrange savoir mourir que l'on découvre au cœur des civilisations, lorsqu'elles ont l'impression d'avoir accompli l'histoire et de n'avoir plus rien à apporter au monde. ( Sous la signature de Joël Prieur, le 12 novembre 2014, numéro 2693 . - spécimen sur demande à "Minute" - 14 rue Edmond Valentin - 75007 - Paris ).