Crépuscule d'une Monarchie
5/5 Le Chardonnet
Dans son dernier ouvrage Les derniers jours de Versailles, Alexandre Maral, spécialiste de l'histoire de Versailles et de ses rois, met en lumière le basculement politique et idéologique qui s'opère en ce fameux 17 juin. La monarchie, de droit divin qu'elle était devient, par la volonté des députés puis l'acquiescement du roi Louis XVI lui-même, un régime qui émane du peuple. Les violences du 14 juillet et la Grande Peur qui s'ensuit, sur fond de disette et de rumeurs de banqueroute nationale, accélèrent l'acceptation par le roi de toutes les réformes qui seront à l'ordre du jour. La folle nuit du 4 août où nobles et membres du clergé pratiquent une surenchère d'abandons de privilèges au profit de la bourgeoisie et des propriétaires terriens , enracinera ]'effondrement de l'organisation politique et sociale de ce que l'on nomme déjà l'Ancien Régime.
Au-delà d'une chronique nourrie de nombreux témoignages directs, Les derniers jours de Versailles livre un ensemble d'analyses profondes et un récit d'une grande fluidité qui captive le lecteur jusqu'aux journées tragiques des 5 et 6 octobre où la violence, une fois encore , aura raison du roi . Celui-ci, affaibli et se refusant à user de la force contre son peuple auquel il a toujours rêvé d'apporter le bonheur, signera les nouveaux articles constitutionnels et la Déclaration des droits de l'homme qui en constitue le préambule. Il se résout aussi à s' installer à Paris, aux Tuileries, laissant Versailles et son château au bon vouloir des hordes du bas peuple soudoyées pour impressionner la Cour et l'Assemblée nationale. L'histoire du grand renversement de la monarchie chrétienne met en lumière l'enchaînement de causes diverses, de responsabilités partagées dans le cours des événements qui préludent au déchaînement des violences révolutionnaires. Elle est surtout, et de façon étonnante, la manifestation de mécanismes politiques et psychologiques que l'on peut encore observer de nos jours quand il s'agit de transformer l'opinion publique, de recourir au pouvoir de la presse, à la diffusion de rumeurs et de calomnies pour discréditer les autorités, user de la versatilité des sentiments du peuple que des factions discrètes savent travailler. Louis XVI , qui fut le roi le plus libéral et le plus réformateur des Capétiens, paiera de sa vie la bonté qu'il avait pour son royaume, acceptant d'ailleurs dès j'été 1789 l'éventualité d'une fin injuste et violente.
<p align="right">Abbé Philippe Bourat <a href= http://www.saintnicolasduchardonnet.fr/ target=_blank>www.saintnicolasduchardonnet.fr</a>
Une tragédie à Versailles
5/5 Politique Magazine n° 168 avril 2018
Quelle histoire ! C'est une tragédie qui pour tout esprit bien né s'est achevé en une ineptie.Versailles, le plus haut lieu de la civilisation encore en 1789, par suite de carences qui paraissent invraisemblables tant elles révèlent un manque du plus élémentaire bon sens, se trouve stupidement assiégé, d'abord intellectuellement,puis moralement, puis politiquement, sans jamais la réaction appropriée, enfin abandonné et livré. C'est une accumulation d'échecs au milieu de remous invraisemblables où toutes les forces : de la monarchie multiséculaire se dissocient devant des agressions répétées aussi ridicules que perverses. Le Roi voit, veut résister, cède et la situation empire à chaque reculade du pouvoir royal. Alexandre Maral avec sa science si précise, sa plume si alerte raconte ces journées du 4 mai au 6 octobre 1789 qui voient sombrer tout un monde qu'il décritpréalablement et minutieusement dans ses premiers chapitres. Quel rituel, quelle cour ! Et sans doute fallait-il des réformes, mais pas telIes qu'elles sont conçues alors, toujours mal conçues,irréalisables. Pourquoi ? Louis XV avait tenté Ie redressement du pouvoir royal pour le sauver. Louis XVl a-t-il la force de porter un tel pouvoir et de créer une représentation de la nation qui ne soit pas un ensemble de factions ? C'est comme si l'âme échappait de ce grand corps social qu'était la monarchie. La tristesse vous point devant une telle destruction qui s'opère pour ainsi dire sous vos yeux, comme une mécanique inéluctable dont l'historien décrit les différentes phases avec une ampleur de vue et une exactitude de détails, fournis par une documentation exhaustive, qui vous donnent à revivre tous les évènements plus intelligemment que ne les ont vécus les contemporains. En octobre 1789, Mirabeau après avoir joué comme les autres, plus que les autres, avec le feu, commence à comprendre. Il faut restaurer le pouvoir du Roi. Il doit sortir de cette marmite putride, partir en Normandie et reconquérir la France par la province. Et si c'était encore un bon plan ?
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