Conclusion :
5/5 Culture et Lectures des Jeunes.
.----. Et voilà !
C'est le mystère de la guerre. Lequel est complexe. Lequel n'est évidemment pas toujours très joli ! On y trouve côte à côte l'Idéal et le Sordide. On peut en dire le meilleur et le pire... Comme on le voit, les deux analystes de ce livre n'attendent pas d'un livre de guerre la même chose.
POUR QUI CE LIVRE ? : Nous pensons que le jeune public peut avoir des réactions semblables, soit dans le style de la première ou de la seconde analyse. Il est donc à donner en choisissant bien "son lecteur"... et de toute façon pas avant 18 ans. [ Numéro XI - Noël 1969 ]
Deuxième analyse
5/5 Culture et Lectures des Jeunes.
.----. Dans l'atmosphère de cauchemar des combats de tranchées, au milieu d'incompréhensibles mouvements de troupes, dans un univers hallucinant de désordre et de bouleversements, un petit groupe d'hommes disparates, unis par les hasards de la mobilisation, essaie de survivre.
Une existence précaire s'organise, réchauffée d'humbles joies dont la plus grande consiste à obtenir du "rab" à la distribution du ravitaillement. C'est une question d'astuce, et les nouveaux venus sont vite initiés aux ruses du régiment.
Dans un style alerte et vivant, sur un ton parfois émouvant, ce livre facile à lire, sait faire revivre l'héroïsme le plus souvent inconscient du "poilu" de 14. Mais pour certaines raisons, dont l'une est peut-être tout simplement l'état d'esprit du public auquel il était destiné, ce livre est actuellement sans intérêt à certains égards, nuisibles à d'autres : ce qui allait sans dire en 1919, le but de cette guerre, le patriotisme qui soulevait ces hommes, le pourquoi, la raison d'être de ce qui nous apparaît maintenant une inutile tuerie, n'est pas évoqué, et fait défaut. Ce qui était soumission et obéissance réfléchie, apparaît aujourd'hui aux yeux d'un jeune lecteur, stupidité bête et plate. L'incroyable incompréhension du soldat, le manque total de chefs, de vrai chefs ne contribuent pas à ranimer dans les esprits le respect de l'armée et le sens de la patrie.
Véridique et fidèle peut-être après guerre, cette fresque est faussée par le recul du temps et ne peut qu'entretenir des sentiments de non-violence et d'antimilitarisme irréfléchis et néfastes.
Première analyse :
5/5 Culture et Lectures des Jeunes.
.----. Les "quadragénaires" voient revivre ici toutes les histoires de guerre ("la Grande Guerre"...celle de 14-18!) qui ont bercé leur jeunesse oralement ou par écrit.
Cette effarante... et glorieuse pétaudière de la vie des premières lignes, est évoquée avec tous ses aspects, le plus beaux et les plus sordides : parmi ces derniers nous relèverons l’écœurante mentalité de profiteurs des commerçants des villages occupés par l'armée, l'égoïsme ou la couardise des embusqués, l'inconscience aberrante de tel poilu ivre qui "joue" sa croix!... La truculence, l'horreur, se trouvent mêlés à la plus exquise poésie : je pense à ce Demachy effeuillant sur la tombe de son ami les pétales des lettres arrivées après sa mort "afin qu'il put au moins dormir sous des mots de chez lui"...
Certains passages sont poignants. Il y a un souffle épique, dans cette "âme de victoire" qui a caractérisé l'enthousiasme du départ en 1914 et le courage prodigieux - inconscient - magnétique des attaques, où chacun savait qu'il avait toutes les chances de rester sur le terrain.
C'est un aspect les plus humbles de la guerre. Le journal de bord du poilu enterré dans sa tranchée, ignorant tout du plan d'ensemble de la guerre, et accomplissant l'effroyable corvée quotidienne avec un courage sommaire, surhumain et bougonnant!... Ce livre peut sembler vieilli, voire incompréhensible ou même absurde aux jeunes qui n'ont pas connu cette ambiance de lendemain de guerre. Ceux qui ont été pétris de ces souvenirs ne liront pas ces pages sans émotion. Ils pourront regretter l'absence totale d'aumônier qui rend oppressante la conclusion avec cette unique et étrange allusion à l'au-delà : "Etait-ce votre âme, mes pauvres gas, que cette blague divine qui nous faisait plus forts?"
Deux analyses :
5/5 Culture et Lectures des Jeunes.
.----. Nous vous livrons les deux analyses suivantes telles que nous les avons reçues. la première est d'un adulte, la seconde d'une jeune fille de 20 ans. Elles montrent combien deux générations différentes peuvent "voir" un livre différemment. Elles montrent aussi combien le climat social "sensibilise" à tel ou tel aspect de la vie. On peut être bien formée, solidement chrétienne et n'avoir pas respiré le même air lorsque l'on a 20 ans de différence. Comparez les deux analyses et méditez ce problème.
Pour l'une, les raisons et les chefs sont là... cela va de soi. Pour l'autre il faut le dire, l'expliquer... la rassurer en somme... pour ce qu'elle voudrait bien qui soit mais dont elle n'est pas certaine... Enfances différentes, sociétés différentes, ambiances intellectuelles différentes, dégradation telle de certaines valeurs qu'il faut en parler, y revenir clairement si l'on veut que le livre soit compris dans le sens où vraisemblablement il fut écrit. ( suite ... )