Les chrétiens et l'Empire romain est une très belle synthèse (228 pages) qui remet à plat la nature des rapports entre le pouvoir impérial et la nouvelle religion. L'alternance entre phases de persécution et phases de tolérance ou de bienveillance est ici clairement détaillée, la chronologie précisée. Le vaste matériel sur lequel s'appuie l'auteur (oeuvres littéraires païennes et chrétiennes, correspondance, chroniques, textes juridiques, etc.) montre que la perception du christianisme par Rome est avant tout un fait religieux et relève en premier lieu de la "politique de l'Etat vers le divin".
Les empereurs, dans leur fonction de garants de la pax deorum, doivent composer avec les pressions d'une cour instable et hétérogène, avec les inquiétudes du Sénat, ou les explosions de colère de lointaines provinces. Marta Sordi analyse leur attitude. Tour à tour, ils se montrent prudents arbitres, à l'image du Trajan de la correspondance avec Pline, persécuteurs contraints, comme Marc Aurèle ou Dioclétien, bourreaux volontaires, comme Dèce ou Galère, ou sympathisants, comme les Sévères ou Gallien.
Autant d'hommes et d'étapes, nous explique l'auteur dans la seconde partie, qui composent une trame unique : celle de l'inévitable rapprochement entre les deux premiers vrais universalismes de l'Histoire.
Cet ouvrage de référence, inédit en France, a déjà connu quatre éditions en Italie. Pour sa première parution aux Editions Certamen, il a été augmenté d'une bibliographie et d'un index, indispensables outils de travail de l'étudiant et du chercheur.