Totalement oublié à notre époque !
5/5 Plaisir de Lire .
.----. Il est des ordres religieux dont l'importance fut très grande dans les siècles passés et qui sont totalement oubliés à notre époque . Un exemple particulièrement frappant est celui des Trinitaires . L'ordre de la Sainte Trinité fut fondé dans la dernière année du XII° siècle par Saint Jean de Matha et Saint Félix de Valois . Le Pape Innocent III en approuva la règle . L'ordre apparut à une époque où, dans un mouvement général, de nombreux religieux renonçant à la conception traditionnelle de la clôture, se mettaient directement au service de la société et s'attaquaient à toutes ses misères physiques et spirituelles . Parmi eux, Saint Jean de Matha choisit de vouer ses fils à la "Rédemption des Captifs", c'est-à-dire au rachat des chrétiens esclaves des musulmans . C'est ainsi que les Trinitaires, surnommés "frères aux ânes" par le peuple de Paris en raison de leurs pauvres montures, s'employèrent pendant six siècles à recueillir les aumônes et donations nécessaires à la noble tâche assignée par leur fondateur . C'est la Révolution qui, en France, les dispersa et ruina leurs couvents, leur oeuvre fut immense . Ils ne l'accomplirent pas sans fatigue ni péril : leur ordre s'honora de 700 de ses fils morts martyrs .
Un grand silence est souvent fait sur le sort de milliers de chrétiens réduits en esclavage par les turcs et les barbaresques à la suite des naufrages, abordages et razzias ... C'est seulement en 1830 que l'expédition française en Algérie mit un point final à ces pratiques . On a trop oublié ces chrétiens enchaînés sans espoir dans les geôles de Turquie, de Tunis, d'Alger, du Maroc, accablés de travaux pénibles, soumis aux vexations, cruautés, tortures de la part de leurs maîtres musulmans . Et pourtant il leur suffisait d'abjurer, de "coiffer le turban" pour que cessent leurs mauvais traitements . A la lecture des récits d'anciens captifs ou de témoins, on comprend la sympathie des peuples et la protection des souverains envers les Trinitaires qui ont, avec les religieux de Notre Dame de la Merci, racheté tant de malheureux : 600 000 ou 900 000 suivant les auteurs .
Ce livre retrace l'histoire des Trinitaires implantés à Paris en un lieu consacré à Saint Mathurin (d'où leur autre nom de "Mathurins") et à travers lui, l'histoire de l'ordre .
Si le style est vivant et les anecdotes intéressantes, on pourra cependant regretter que le récit se situe uniquement dans la capitale sans aucune relation d'expéditions lointaines .
Le lecteur risque aussi d'être lassé par les importantes descriptions archéologiques du couvent de Paris, de ses aménagements et modifications (concernant les bâtiments, les inscriptions, les tableaux, les boiseries...)
POUR QUI CE LIVRE : Un livre intéressant et rehaussé d'excellentes photos et estampes de l'époque . Pour lecteur patient et intéressé par l'histoire . A partir de 18 ans . [ " Plaisir de Lire " , numéro 32 , automne 1975 ]
Une eglise : Saint-Mathurin.
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.----. Et la merveilleuse histoire continua pendant des siècles, et continue toujours. Il y a encore des Trinitaires, surtout au Canada ; il y a encore des captifs à délivrer. On souhaite que les Mathurins reviennent à Paris. Leur église a été détruite, mais les sanctuaires se rebâtissent. Lorsque Dieu veut une renaissance, pour la préparer il garde quelques braises sous la cendre : "le petit reste" qui sauve tout.
Les événements favorisent ce renouveau qui rendrait tant de services. Il y a "l'Eglise du Silence" : des millions de prisonniers, des millions de martyrs. Trop de chrétiens excusent les persécuteurs et même les approuvent. Alors qu'autrefois ceux qui maintenaient des catholiques en captivité ou en esclavage ne trouvaient en Occident aucune complicité.
Le 17 mars 1792, fut inhumé dans le chœur de Saint-Mathurin, à droite, messire Pierre Chauvier, Général et Grand Ministre de tout l'Ordre.Quelques mois plus tard, les moines furent chassés de leurs biens, confisqués au profit de la République.
On n'a pris que les murs ; on n'a détruit que les murs. Il reste des mains pour reconstruire et des âmes pour vouloir la reconstruction. "Allez, mes morts, mes renaissances" écrivait Maurras. ( numéro 5, février 1975 ).
Les Trinitaires.
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.----. Cinq ans plus tard, Innocent III approuve -- 17 décembre 1198 -- l'ordre de la Trinité pour la Rédemption des captifs. Déjà quelques monastères suivent la nouvelle règle, en particulier celui, Cerfroid, où vivait saint Félix, ermite originaire du Valois. C'est là que se tiendront les chapitres généraux, c'est là que s'établira le centre de l'ordre.
Activité de saint Jean, prières de saint Félix, et l'on rachète à Tunis, dès 1199, les premiers captifs. Paris reste un foyer Trinitaire. Il s'y trouve sur la montagne Sainte-Geneviève, un abri de pèlerins, appelé Aumont de saint Benoît, qui devient hospice de Saint-Mathurin. En 1208, saint Félix y établit les Trinitaires, que le peuple appellera les Mathurins. Les religieux à la croix bicolore rappellent aux chrétiens que d'autres chrétiens sont enchaînés en pays barbaresque et qu'il faut penser à eux, prier pour eux, payer leur rançon. ( suite ).
Saint Jean de Matha.
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.----. Trois histoires nous sont contées : celle de saint Jean de Matha ; celle d'un ordre, les Trinitaires ; celle d'une église, Saint-Mathurin. Et tout cela dans un beau décor vieille France et vieux Paris, avec de vives aquarelles qui font les délices du lecteur. Vieille Provence aussi, où naquit Jean de Matha.
Une région où les Maures sont venus en occupation, où parfois ils reviennent piller les richesses matérielles, enlever des chrétiens dont ils feront des esclaves. Le blason des Matha porte un homme lié, avec la devise : " O Seigneur,délivre-moi ". Dieu prépare de loin les âmes à leur grâce. Jean de Matha naquit le 23 juin 1154 et fut baptisé le lendemain, fête de saint Jean-Baptiste. On n'attendait pas quelques années, comme les progressistes le conseillent.
L'heure venue, il se rend à Paris pour étudier " dans la plus haute école spirituelle où l'on apprend tout ; on n'y pénètre qu'après avoir suivi des classes préparatoires ". Ces paroles du bien-heureux Suso rassurent la jeunesse du futur fondateur.
Tout d'abord, il est accueilli à Saint-Victor, foyer d'humanisme et de piété, où d'abord on redresse la raison et on la maintient droite, puis on la nourrit de doctrine saine, sainte et sûre. Jean de Matha étudie, puis enseigne. Puis Dieu l'appelle -- 22 janvier 1194. Au cours de sa première messe, vision : " J'ai vu la Majesté de Dieu... Notre Rédempteur entre deux captifs enchaînés...". ( suite ).
Rachat des prisonniers.
4/5 Revue des cercles d'études d'Angers
.----. Voici une très belle histoire, illustrée d'images en couleurs. En fait, les nombreuses illustrations sont toutes en noir, mais le texte est si coloré que nous voyons miroiter les bleus, les rouges, les verts et resplendir les ors.
Il y a d'abord quelques grandes fresques de politique mondiale. L'Asie et ses menaces de toujours : l'Asie où il y a maintenant les captifs de l'Eglise du Silence et jadis les chrétiens prisonniers des Arabes qui leur imposaient le plus dur des esclavages. Seulement l'Eglise ne restait pas indifférente aux souffrances de ceux qui étaient en prison. Elle s'efforçait de les secourir spirituellement et matériellement. Le rachat des prisonniers était une des grandes œuvres de piété. A tel point que l'ordre qui s'en occupait tout spécialement s'était placé sous le patronage de la Trinité, le plus haut, le plus divin des mystères. ( suite ).