La relation des "grandes batailles" a longtemps représenté un genre très prisé chez les historiens classiques, qu'ils soient Grecs, Romains, Chinois, Persans, Anglais ou Français. Mais ils s'intéressaient essentiellement aux "grands capitaines", Alexandre, Frédéric II ou Napoléon. La démarche d'Arnaud Blin est tout à fait différente : sans oublier les grands acteurs, il propose un lecture totale de la bataille, du rôle de l'homme de base à celui du général, de la question des armes à celle du moral, sans omettre de présenter le contexte politique, religieux et social de l'affrontement. Ce faisant, l'auteur privilégie ce qui est au cœur de l'histoire de la guerre : le caractère foncièrement hétérogène des grands affrontements militaires.
En d'autres termes, le choc entre des cultures, des pays, des peuples ou des armées radicalement différents, l'exemple le plus parlant étant l'affrontement entre nomades (Gengis Khan) et sédentaires (Arabes) au VIIe siècle. La bataille de Zama (-202) présente quant à elle un choc entre Rome et Carthage pour le contrôle de la méditerranée. A Hattîn (1187), se sont Croisés et Musulmans, que tout oppose, qui s'affrontent, la bataille mettant un terme aux rêves des croisades.
A Tenochtitlan (1519), Cortés scelle le destin de la civilisation aztèque. Gaugamèles (-331), les Champs catalauniques (451), Ayn Jalut (1260), Lépante (1571), Lützen (1632), Borodino (1812) et Stalingrad (1942) sont du même ordre. Ainsi se dessine une autre histoire de la guerre à travers ses batailles décisives.
Spécialiste de l'histoire de la guerre et de la stratégie, Arnaud Blin est l'auteur de plusieurs ouvrages remarqués dont Iéna (2003), 1648, La paix de Westphalie (2006), Tamerlan (2007) et, avec Gérard Chaliand, d'un Dictionnaire de stratégie militaire (1998). Outre ses qualités d'historien, il est un formidable conteur.