Un traquenards politico-judiciaires !
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.----. [Entretien] Me Ghislain Dubois : « Les armes de Le Pen, un des traquenards politico-judiciaires les plus marquants de ces dernières années »
Dans la nuit du 22 au 23 mars 1999, place Sainte-Catherine, en plein cœur de Bruxelles, des policiers découvrent un arsenal dans le coffre de la voiture d'un certain Jean-Marie Le Pen. Le début de « l'affaire des armes de Le Pen », du nom de l'ouvrage publié par Ghislain Dubois*, l'avocat belge de la famille Le Pen (Les Armes de Le Pen, Éditions Dualpha). « Un coup monté » qui aurait pu conduire à l'assassinat du président du Front national, pour l'avocat au barreau de Liège. Dans son ouvrage, il revient sur trente ans de combats judiciaires menés aux côtés de Jean-Marie et Marine Le Pen en France, en Belgique et jusqu'au Québec. Ghislain Dubois, « ce corsaire qui a gagné, contre vents et marées, tenant le cap, toutes les courses que nous lui avons confiées », selon les mots de Jean-Marie Le Pen, préfacier du livre, se confie à Boulevard Voltaire.
Sabine de Villeroché : Maître Ghislain Dubois, que s'est-il réellement passé, cette nuit-là, à Bruxelles ?
Me Ghislain Dubois : Ce jour-là, vers vingt et une heure, des individus ont percé puis fait voler en morceaux la vitre avant droit de la Peugeot 605 de Jean-Marie Le Pen, qui était garée le long du trottoir en face du restaurant L'Huitrière, sur la place Sainte-Catherine à Bruxelles. Ils firent sauter le système de verrouillage central du véhicule. Les prétendus voleurs se saisirent du téléphone portable posé sur l'un des sièges, bien que pourtant invisible de l'extérieur du véhicule puisque celui-ci est équipé de vitres teintées totalement opaques. En prenant le soin de laisser dans le véhicule le détecteur de radars non branché, lui aussi bien visible dans le vide-poches de la portière avant gauche. Et dans le coffre pourtant déverrouillé lui aussi : le riot gun de marque Winchester, des munitions, deux gilets pare-balles, deux bombes de sécurité à gaz, un scanner, un gyrophare. Tous moyens de défense totalement licites en France mais non reconnus comme tels en Belgique.
Tandis qu'à 21 h 40, une patrouille motorisée de la police bruxelloise, avertie par son PC à la suite de la réception d'un mystérieux appel anonyme, fut envoyée sur les lieux de ce prétendu vol. Le Pen, son garde du corps et son chauffeur furent embarqués au poste avant d'être relâchés.
Mon livre raconte l'envers du décor, à savoir une opération des services français avec, semble-t-il, la complicité de la police belge ou, à tout le moins, son instrumentalisation par lesdits services français.
S. d. V. : En quoi la mise en cause de Jean-Marie Le Pen dans cette affaire pouvait conduire à son assassinat ?
G. D. : L'objectif de cette opération de barbouzes, où la réalité dépasse la fiction, était de monter un prétendu scandale : présenter à l'opinion mondiale que Le Pen était un trafiquant d'armes. Dans un premier temps, il s'agissait de porter atteinte à son honneur, à son image publique. Mais il s'agissait aussi, sur base de la présence d'armes dans le véhicule, de poursuivre Le Pen et de tenter d'obtenir la levée de son immunité parlementaire, et un procès retentissant. Lequel devait, espéraient les commanditaires de l'opération, déboucher sur son inéligibilité. Et, dès lors, sur l'impossibilité, pour Le Pen, de pouvoir se présenter aux prochaines élections européennes et présidentielles de 2002.
Enfin, cette opération privait, dans les faits, Le Pen de toute protection en Belgique. Que ce soit par son garde du corps ou par les services de protection officiels qu'on refusait de lui accorder. Tandis que l'annonce par la presse mondiale de la situation « d'homme sans défense » dans laquelle se retrouvait Le Pen en Belgique eût pu donner des idées de meurtre, d'attentat contre lui, à tels ou tels vrais malfrats ou terroristes qui savaient ainsi qu'ils avaient les mains libres.
S. d. V. : Pourquoi parler d'une « affaire d'État » ?
G. D. : Il s'agissait pour les gaullistes comme pour les socialistes, alors au pouvoir en France, de mettre hors d'état de nuire politiquement, électoralement, Jean-Marie Le Pen, en vue des prochaines échéances électorales nationales pour lesquelles les sondages lui prédisaient un score important. Il arrivera au second tour de l'élection présidentielle de 2002 face à Chirac après avoir éliminé le candidat socialiste Jospin. Il s'agit d'un des traquenards politico-judiciaires les plus marquants de ces dernières années et qui implique la collaboration, au plus haut niveau, des services secrets et de la police de deux pays : la France et la Belgique. Il s'agit, dès lors, bien d'une affaire d'État.
S. d. V. : Dans votre ouvrage, vous faites le parallèle avec d'autres affaires célèbres comme l'assassinat du duc d'Enghien, l'enlèvement du colonel Argoud, ou encore le « coup monté de Carpentras ». Pourquoi ?
G. D. : Il s'agit en effet de remettre cette affaire dans son contexte. Il faut rappeler que de tout temps, et sous tous les régimes, les princes au pouvoir n'ont jamais rechigné pour monter des coups tordus contre leurs adversaires politiques. Et les trois exemples cités dans mon livre illustrent parfaitement la chose. Le dernier, « l'affaire du cimetière juif de Carpentras », constitue en outre un précédent tout à fait spécifique puisqu'elle visait déjà Le Pen.
S. d. V. : Comment avez-vous obtenu la mise hors de cause de Jean-Marie Le Pen ?
G. D. : Grâce à la parfaite compréhension des choses par le procureur du roi de Bruxelles en charge de ce dossier qui comprit qu'il s'agissait bel et bien d'un coup monté. Cette affaire se termina par une amende de 500 euros et. des coupes de champagne dans le bureau de Jean-Marie Le Pen !
Par la suite, je me suis évertué à tenter d'obtenir une protection officielle en Belgique, pour Jean-Marie puis pour Marine Le Pen. Pour Marine, j'ai fini par l'obtenir lors de l'élection présidentielle de 2017.
*Me Ghislain Dubois est l'auteur de nombreux ouvrages dont Les Crimes de l'OTAN: Plaidoyer pour les victimes (Éditions Dualpha).
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