Cet ouvrage, intitulé L'Église normande contre l'État, permet de discerner et de mieux comprendre la réalité qui explique la vie religieuse dans nos campagnes au début du siècle. Les villages cités se trouvaient occupés par vos ancêtres, arrière-grands-parents, qui exprimaient un solide attachement aux principes de la foi chrétienne, de l'Église et des traditions terriennes, demeurés les fondements de notre civilisation. Même de nos jours, il serait difficile d'imaginer un village, une ville ou une commune moyenne sans son église - et cette église - symbolise à elle seule, le témoignage vivant et l'esprit fervent du peuple catholique, à travers les récits authentiques de ce livre.
A l'annonce de l'application de la loi du 9 décembre 1905, séparant l'Eglise de l'Etat, l'ensemble des communautés villageoises ou urbaines en ressentirent une profonde émotion dénonçant le caractère de l'injustice vis-à-vis du Gouvernement, car elles craignaient la spoliation, la confiscation et l'aliénation des biens du clergé, eu égard à la période révolutionnaire qui secoua la France au cours des années 1790 à 1801.
Dès cet instant, le petit peuple des ruraux, alerté de la venue de l'agent du fisc, du receveur des domaines (ou de l'enregistrement) et des troupes, pour l'accomplissement de l'inventaire de leur église, s'organisait, envoyait des messagers dans les hameaux voisins, proches du bourg et le signal de la révolte s'étendait aux autres paroisses. C'est par centaines ou par milliers que les habitants de nos campagnes et des grandes villes, se rassemblaient autour et devant l'église, afin d'en interdire la libre circulation aux agents gouvernementaux, qui se déplaçaient pour accomplir leurs missions, ô souvent contestables.
Parfois, comme dans l'Orne ou au sein de la Manche, régions traditionnellement chouanniques, les portes des églises finissaient toujours par être fortement barricadées de l'intérieur avec divers matériaux - et il fallut procéder au crochetage - avec le concours d'un serrurier ou d'un soldat du génie - sous les huées de plus en plus irascibles de la foule et des tumultueuses manifestations. Quant à l'action des forces de l'ordre, et de l'armée en général, cela ne leur convenait nullement à cause des profondes convictions religieuses des officiers issus des familles nobles ou paysannes. Des déchirements suscitèrent de terribles dilemmes : que faire dans ces conditions ? Agir contre leurs semblables, leurs parents, leurs compatriotes ou démissionner ? Ce genre d'attitude (l'inventaire de l'église) provoquait des sentiments de réprobation chez eux. Leurs consciences étaient bouleversées.
Vous trouverez dans ce livre des récits anecdotiques avec faits précis et détails des attroupements, la vie dans vos communes, vos villes de Normandie, les édifices religieux, théâtres des hauts-faits de notre Histoire nationale, qui se sont produits il y a plus de 92 ans, où la majeure partie de nos arrière-grands-parents ont participé en acteurs ou en spectateurs, d'une façon parfois tragi-comique.