L´Eglise de France face à la persécution des Juifs (1940-1944)

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5/5 Fideliter N° 215 Sept-Oct 2013

Résultat d'une thèse en histoire contemporaine soutenue à la Sorbonne, l'ouvrage de Sylvie Bernay vient jeter un regard neuf sur une portion controversée de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Laissant de côté les thèmes largement déflorés des relations entre le régime de Vichy et la persécution des Juifs, et entre le régime du maréchal Pétain et l'épiscopat français, elle a choisi de concentrer ses recherches sur l'Eglise de France dans sa totalité (évêques, prêtres et fidèles) et la persécution des Juifs. Trois quarts des Juifs Français ont survécu à la guerre : même Serge Klarsfeld le reconnaît . Comment expliquer ce fait ? LEglise catholique de France y est-elle pour quelque chose ? Loin de l'opposition factice entre le haut clergé et le reste de l'Eglise, Sylvie Bernay s'attache à rendre compte d'une situation nuancée et fluctuante dans une vision dynamique de l'histoire. Comment faire autrement alors que les relations entre troupes d'occupations et pays occupés ont évolué, que la France a été coupée par la ligne de démarcation jusqu'en novembre 1942 mais plus après, que le gouvernement de Vichy est passé par plusieurs phases, que la législat ion concernant les Juifs s'est modifiée, que l'approche de la situation par le cardinal Gerlier de Lyon (zone libre) et du cardinal Suhard de Paris (zone occupée) était différente. Pour suivre les tours et détours de l'histoire réelle, l'auteur a divisé la matière en quatre parties principales qui décrivent successivement l'avant-guerre des catholiques français, leur repli après la défaite, leur réaction aux rafles et finalement les entreprises de sauvetage qu'ils ont menées jusqu'à l'arrivée des troupes alliées. La documentation utilisée est largement renouvelée dans la mesure où l'auteur a pu exploiter nombre d'archives diocésaines et religieuses encore méconnues jusque-là. On découvre ainsi comment le Vatican a encouragé les protestations des évêques de zone libre à l'été 1942 et comment les évêques ont contraint Laval à restreindre la coopération des forces de polices aux raf les des années suivantes. L'absence de bibliographie, même si elle est regrettable, n'enlève rien aux avancées dans la connaissance historique. <p align="right"> Abbé François Knittel