"La famille, voilà donc l'école naturelle de l'enfant, l'école providentielle, divine, nécessaire, obligatoire, le moule où il doit recevoir l'empreinte et se former. Toute autre école est arbitraire, factice, artificielle ; c'est élever un enfant au biberon quand les mamelles de la mère sont gonflées de lait, c'est jouer sa vie morale, je veux dire son éducation, et l'éducation comprend, on vient de le voir, le corps, l'esprit et l'âme, et si la pratique nous montre que la plupart des enfants élevés au biberon périssent de corps, cette même pratique nous montre bien mieux encore que la plupart des enfants élevés artificiellement hors de la maison paternelle périssent de corps, d'esprit et d'âme, c'est-à-dire perdent la santé, les principes et la grâce.
» D'où vient, en effet, notre triste, notre lamentable état social, sinon du lamentable état moral de nos classes dirigeantes, et par celles-ci de nos classes dirigées ? Et d'où vient cet état des classes dirigeantes sinon des éducations exotiques, artificielles, mercenaires ? C'est le biberon au lieu du sein maternel, c'est l'éducation inventée par l'homme substituée à l'éducation inventée par Dieu. Ces jeunes âmes reçoivent une fausse nourriture, et trop souvent un véritable poison au lieu de nourriture ; comment pourraient-elles vivre ? Elles périssent donc, et les parents étonnés s'écrient en voyant des enfants qui n'ont plus la candeur, la simplicité, la grâce, la docilité de l'enfance, mais bien la hardiesse, l'arrogance précoce de l'homme manqué : il n'y a plus d'enfants. Cela est vrai, mais pourquoi ? Parce que depuis longtemps il n'y a plus de pères, plus de parents."
Dans ce tiré à part, l'abbé aveyronnais Eugène Roquette de Malviès, aumônier d'un couvent de religieuses à Paris, interroge par la religion, l'histoire et la philosophie ce que doit être la famille dans l'éducation et l'instruction.