Le train du passé

"Il ne se rappelait avec émotion que le train, le compartiment si mal éclairé que les nuits de pleine lune on pouvait discerner au bord des rails les cailloux blancs de la voie ; un monde sans éclats, sans prestige, émouvant comme tous les mondes mystérieusement demeurés à l'abri du cruel aujourd'hui. On roulait dans ces trains vides comme on avait roulé dans la diligence inquiétante de Barbey d'Aurevilly. Le bruit d'un balai traîné sur le sol de l'abri dérisoire qui servait de station à certains villages n'aurait pas étonné le voyageur nocturne. Voilà ce qu'il disait maintenant, quand il évoquait les images de ce temps révolu."